2020
Cairn
Élise Pavy-Guilbert et al., « La langue comme monnaie au 18e siècle », Dix-huitième siècle, ID : 10670/1.fx2ag0
Des premières civilisations, il ne reste souvent que la langue et la monnaie, des inscriptions sur des temples et des sépultures, des tablettes et des registres, principalement de comptes, ou encore sur des médailles et des objets destinés aux échanges. Langue et monnaie reposent sur des signes sophistiqués qui impliquent pouvoir et croyance et sont situées du côté de la circulation, mais aussi de la création. Cette étude vise à interroger les comparaisons et les métaphores économiques qui hantent l’imaginaire de la langue au 18e siècle. Plus que jamais peut-être, le 18e prouve que langue et monnaie assument les mêmes oscillations entre rationalité et mythe, figuration et abstraction, et évoluent vers une sémiotisation croissante, ainsi qu’un même passage du fiduciaire au scriptuaire et au fictionnel. Pourtant les monnaies et les langues fictives qui s’inventent durant le siècle se penchent toujours sur ce qui ne peut être échangé ni exprimé en aucun signe. Les Lumières imaginent des économies idéales et une glossolalie généralisée et habitent cette « ulogie » qui pourrait être encore la nôtre.