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Stéphane A. Dudoignon, « L’orthodoxie comme contreculture : Les renouveaux sunnitesen Iran depuis 1970 et l’instrumentation des discours religieux dominants », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.fyziql
Dominant dans les anciennes marches impériales de l'Iran, l'islam sunnite y connaît un renouveau actuel, inédit depuis l'établissement du chiisme duodécimain comme religion d'État de la Perse au XVI e siècle. Ce renouveau porte l'empreinte de deux courants nés hors du monde persan : à l'est, l'École dite de Déoband, d'origine indo-pakistanaise, installée depuis l'entre-deux-guerres au Baloutchistan ; à l'ouest, la pensée frère-musulmane (pers. ekhwâni), née en Égypte à la fin des années 1920, diffusée dans les années 1980 dans la société kurde. Champions de l'"orthodoxie" sunnite, madrasas deobandi et réseaux de prédicateurs ekhwâni ont défendu, après 1979, l'autonomie du religieux contre une République islamique chiite, en s'appropriant les discours et pratiques confessionnels dominants en Iran. Ces réappropriations vont d'emprunts à la pensée chiite anticoloniale des années 1960 à la vision du mouvement Vert de 2009 comme défense des "minorités". Ou comment des orthodoxies religieuses minoritaires nourries d'interactivité avec un chiisme d'État sont devenues un ferment de contreculture politique adaptée au cadre institutionnel particulier de l'Iran contemporain.