26 mai 2015
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Benjamin Brice, « La fin de la guerre ? Les ambiguïtés de la « paix démocratique » : intérêts, passions et idées », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.g2pn36
Dans les relations internationales, le fait majeur actuel est peut-être la paix qui unit les démocraties libérales à travers la planète : depuis environ deux siècles, elles ne se sont pas fait la guerre entre elles. Forts de ce constat, les théoriciens de la « paix démocratique » – ou plus précisément de la « paix libérale » – cherchent à montrer que des « mécanismes » rendent compte de cette corrélation statistique, ce qui permettrait d’anticiper une véritable paix internationale, à condition toutefois que chaque entité politique adopte les différents aspects du « régime libéral » (économie de marché, démocratie représentative et droits individuels).Trois principaux « mécanismes » peuvent être dégagés pour asseoir ces théories : (1) le commerce et l’interdépendance économique créent une convergence des intérêts nationaux, (2) la démocratie représentative canalise les passions les plus guerrières et (3) les principes de justice du « régime libéral » sont susceptibles de mettre fin aux conflits liés aux idées. On retrouve dans l’ordre les trois principales constellations causales à l’origine des guerres : les intérêts, les passions et les idées. Or, ces « mécanismes » ont été discutés par les penseurs politiques dès le XVIIIe siècle. Ainsi Montesquieu, rejeté un peu vite par la « tradition » du côté du « doux commerce », se révèle d’un grand secours pour réfléchir à l’ambivalence des différents « mécanismes » à l’œuvre : (1) parallèlement à la convergence des intérêts le commerce moderne engendre aussi l’oppression et la conquête, (2) la réorientation des passions ne fait pas disparaître l’orgueil de régner et le désir de domination et (3) les principes de justice à vocation universelle, censés établir un accord général sur les idées, se muent facilement en une forme ou une autre d’impérialisme.Cette thèse est donc l’occasion de s’interroger sur ce qui change et sur ce qui ne change pas dans la vie internationale avec l’avènement et l’expansion de ce que nous appelons le « régime libéral ».