2024
Cairn
Joshua Mentanko, « Women in nature: Asymmetrical inclusion in ethnographic fieldwork in Mexico, 1940s-1960s », Les Études Sociales, ID : 10670/1.g9q1zm
Calixta Guiteras, Esther Hermitte et Joan Ablon ont été des pionnières pour les femmes anthropologues en Amérique du Nord et du Sud. Leurs trajectoires se sont rejointes sur les hauts plateaux du Chiapas au milieu du xxe siècle. La première partie de l’article utilise la correspondance de professeurs masculins pour illustrer la lutte de Calixta Guiteras contre le sexisme de l’école d’enquête sur le terrain de 1942-1943 et contre le cloisonnement des postes permanents. L’analyse suggère que malgré la plus grande inclusion des femmes sur le terrain, la profession ne s’est pas automatiquement féminisée. S’appuyant sur cette idée, la deuxième section consacrée à Esther Hermitte et Joan Ablon montre, à l’aide de leurs carnets, comment l’étude sur le terrain a suscité une prise de conscience des multiples implications du genre dans la conduite de la recherche, née de l’expérience des contradictions de l’inclusion asymétrique. Prises ensemble, ces expériences de genre sur le terrain, où l’on est censé être à la fois participant et observateur, démontrent le développement d’une conscience en relation avec les conditions matérielles de la vie d’une femme « pionnière ». Au cours des années 1940 et 1950, période présentée comme celle de l’inclusion croissante des femmes dans la discipline de l’anthropologie, la présence des femmes dans le domaine a ainsi redimensionné plutôt qu’éliminé les hiérarchies de genre au sein de la discipline.