10 novembre 2014
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Bénédicte Shawky-Milcent, « L’APPROPRIATION DES OEUVRES LITTERAIRES EN CLASSE DE SECONDE », HAL-SHS : sciences de l'éducation, ID : 10670/1.gazo3h
L’appropriation désigne métaphoriquement le processus par lequel un lecteur s’empare d’une oeuvre littéraire afin de la faire sienne. Le mot désigne également le résultat obtenu, l’envol de l’oeuvre dans la mémoire individuelle. La question de la participation active du lecteur singulier se pose tout au long de la démarche herméneutique, depuis la disponibilité requise pour accueillir une oeuvre nouvelle jusqu’à l’inscription dans une « bibliothèque intérieure ». L’appropriation peut être considérée comme l’aboutissement de la lecture et le point de fuite de toute réflexion sur la réception et sur les enjeux de la littérature. L’appropriation personnelle des oeuvres littéraires par les élèves est implicitement à l’horizon de tous lesprogrammes d’enseignement du français et des recherches en didactique de la littérature. Peuton lui laisser une place plus grande qu’elle n’en possède actuellement dans le système scolaire français, et en particulier en classe de seconde ? C’est la thèse que nous défendons, en inscrivantnotre réflexion dans le sillage des recherches sur le sujet lecteur.Nous interrogeons tout d’abord la notion d’appropriation à la lumière de l’herméneutique contemporaine et des théories de la réception, mais aussi en regard des attentes de l’Institution scolaire, et nous définissons les espaces discursifs dans lesquels l’appropriation des oeuvres littéraires peut s’observer. Nous analysons ensuite les résultats d’une recherche exploratoire réalisée dans différentes classes de seconde : nous avons mené auprès de nos élèves cinq expériences placées sur une ligne du temps, leur conférant une place de sujets lecteurs, inscrits dans l’histoire d’une relation singulière à la littérature. Nous mettons en lumière les résultats observés : Laisser en classe une place pour la rencontre personnelle des élèves avec les oeuvres littéraires permet de répondre très nettement à certaines difficultés actuelles rencontrées par la transmission de la littérature.Par ailleurs, nous formulons plusieurs hypothèses sur le processus d’appropriation dans le cadre scolaire, en particulier sur le lien entre impressions subjectives, lecture objectivante, et construction de la « posture lettrée » attendue par l’école, mais aussi sur la construction d’uneposture éthique, et sur l’ancrage des oeuvres dans la mémoire. Nous analyserons les modifications qu’une telle démarche entraîne au plan pédagogique dans l’accueil de la parole de l’élève, dans le rapport au temps, dans les postures requises de la part de l’enseignant et dans les démarches d’apprentissage mobilisées auprès des élèves.