Honte et vie privée

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2014

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Annabelle Lever, « Honte et vie privée », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.gbqnls


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L’association de la notion de vie privée à la honte explique en grande partie l’ambivalence qui entoure celle-ci . L’idée, tout particulièrement, que le droit à la vie privée n’a de valeur que si l’on a des secrets honteux à cacher donne l’impression que celle-ci n n’a aucune valeur si l’on tient à la liberté et à l’égalité des personnes. Au mieux, il semblerait que la vie privée seulement à préserver l’hypocrisie et les conventions sociales arbitraires qui nous rendraient – indûment honteux de nos sentiments, de nos désirs, de nos croyances, de nos idées et de nos expériences. Au pire, elle permettrait aux gens de cacher des comportements trompeurs, manipulateurs, coercitifs ou fondés sur l’exploitation, bref des comportements immoraux, voire illégaux. Dans les deux cas, il paraît difficile de saisir la valeur de la notion de vie privée si l’on a une prédilection pour un mode démocratique de gouvernement associé à la liberté d’expression, ainsi qu’à des idéaux de transparence et de promotion de la justification et de l’usage du pouvoir.Cet article vise à remettre en cause cette perception intuitive et consacrée de la vie privée en démontrant que le fait que cette dernière protège les gens de la honte constitue plutôt une raison importante de la valoriser si l’on se soucie de la démocratie. Comme on le verra bientôt, la notion de vie privée ne permet pas seulement de protéger ceux qui ont honte : il y a plusieurs formes d’expression parfaitement souhaitables, estimables et démocratiques qui requièrent, malgré tout, la confidentialité que permet le droit à la vie privée pour se développer et s’actualiser pleinement. Cela dit, il demeure important de ne pas confondre le honteux avec l’immoral, l’injuste avec l’illégal, ou encore de supposer que la protection du caractère privé d’actes honteux doit mettre en danger, plutôt que protéger, notre capacité à nous voir et à nous traiter comme des égaux.Commençons par examiner l’éthique de la révélation ou de l’« outing », c’est-à-dire de la publication forcée et sans consentement d’information personnelle délicate. On verra que, dans la majorité des cas, le souci démocratique pour la liberté et l’égalité rend problématique la prétention qu’une telle pratique puisse être justifiée, et ce, même lorsqu’elle est utilisée pour défendre une cause incontestablement juste qui promeut l’égalité civique et politique des citoyens. On explorera donc les enjeux d’une telle critique de la pratique de l’outing au regard des notions de vie privée et de liberté d’expression et de presse, avant de conclure avec quelques réflexions sur l’importance de la vie privée pour le mode démocratique de gouvernance.

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