Communication interne et conception ethnocidaire de la culture: A propos de la "cohésion culturelle" en entreprise

Résumé 0

Formalisée au travers des ouvrages des praticiens, la communication interne a - pour l’une de ses missions - une fonction de travail de la cohésion des groupes sociaux qui composent l’organisation. Cet objectif de cohésion s’exprime au travers de l’impératif du partage des représentations, des valeurs et aussi, dans une moindre mesure aujourd’hui (Massiera, 2007) de la « culture » de l’organisation, dans une acception managériale du terme de « culture ». Ce postulat semble aller de soi, des praticiens de la communication à certains chercheurs en sciences de gestion ayant questionné les interfaces entre communication et organisation.Si la présente proposition s’intéressera au registre de la communication interne, nous tenterons de voir quelles sont les modalités discursives exactes de cette injonction à la cohésion dans les textes prescripteurs en communication interne : ouvrages de praticiens, managers de la communication et manuels pédagogiques descriptifs des actions de la communication interne.Ayant posé l’articulation des concepts de culture, représentations sociales, normes et valeurs, et partant de la définition donnée de l’ethnocide par Pierre Clastres (1974), nous mettrons à l’épreuve, sur la base de cette analyse, notre hypothèse d’un héritage ethnocidaire de la pensée de la culture et de sa fonction au travers des discours des managers de la communication. Ce discours rencontrerait en effet les débats actuels et sociétaux plus larges portant sur les questions de ce que sont les communautés, l’identité culturelle et l’inter- voire la trans-culturalité. L’entreprise « échoïserait » ainsi les tensions culturelles et politiques portant le débat et les régulations autour de la culture et de la dite « cohésion » sociale et les réductions contemporaines de la classe ou de la catégorie sociale à la culture.