2020
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Aziz Jellab, « L’orientation des élèves issus de l’immigration: Entre données statistiques et expériences subjectives », HAL-SHS : sociologie, ID : 10.3917/admed.166.0067
Il convient de penser l’orientation des élèves issus de l’immigration à partir du fonctionnement même du système éducatif français au sein duquel s’insèrent des trajectoires inégales selon l’appartenance sociale et culturelle. On sait que le système éducatif fonctionne comme une machine à trier, où l’orientation, censée accompagner chaque élève dans la réalisation de son projet d’études, s’avère être d’abord une pratique institutionnelle visant à répartir les publics selon les places et leur hiérarchie, de sorte qu’il est opportun de soutenir qu’elle génère une « distillation fractionnée ». Il existe deux significations majeures associées au terme « orientation » : il s’agit d’une part d’une répartition des élèves, le plus souvent selon un rapport entre demande d’orientation et places disponibles ; il s’agit, d’autre part, d’une aide au choix ou d’une autodétermination, impliquant la construction d’un projet d’études et/ou d’un projet professionnel. Pour Jean-Michel Berthelot, l’orientation est « le processus par lequel s’opèrent les ajustements nécessaires entre les souhaits exprimés et les possibilités offertes, l’école fournissant institutionnellement à chacun la possibilité de faire le parcours que ses possibilités et ses goûts lui tracent ». Mais cette définition est bien idéale tant la réalité met en évidence que la possibilité de s’orienter selon ses goûts n’est pas le propre d’une grande part des élèves.