2010
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Suzanne Gély, « La mémoire des héros ordinaires : le fantassin Bès (1914-1918) », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, ID : 10670/1.gjpe5o
Le Journal de route de Victorin Bès (1914-1918), suivi en 1919 d’une « Lettre à mes amis morts » empreinte d’une intense solennité, permet de suivre, dans la diversité des tons adoptés, des émotions subies, dans l’étonnement devant l’absurde, sa participation, après un acquiescement difficile, à une guerre dont il condamnera l’extension. S’y alignent, dans une continuité rarement interrompue, les notes, croquis et réflexions d’un adolescent né au faubourg ouvrier dit « de Venise », à Castres, habité par la famille Petit-Bès depuis la fin du XIXe siècle. Celui qui, si modestement, reconnaît les lacunes (relatives) de sa culture de « pauvre petit primaire » exprime d’une plume alerte et précise, régulière sauf dans l’intensité des chocs et des émotions (contrôlés autant qu’il se peut), les découvertes, les déchirements, les aspirations, les révoltés, les consentements d’un fantassin, dans les années les plus longues d’une vie qui devait s’interrompre brutalement, à Montpellier, le 7 décembre 1961.