2007
Cairn
Johanna Barasz, « Un vichyste en Résistance, le général de La Laurencie », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, ID : 10670/1.glv9hv
Représentant du régime en zone occupée pendant quelques mois, fidèle soutien du maréchal Pétain et convaincu de sa destinée de chef de la Résistance, le général de La Laurencie relève de la catégorie des vichysto-résistants : des résistants actifs dont l’expérience vichyste (celle de soutiens effectifs de l’État français) marque l’identité résistante. Retracer l’itinéraire du général de La Laurencie peut contribuer, d’une part, à clarifier l’idéal-type vichysto-résistant et, d’autre part, à mettre en lumière le défi que ces hommes posèrent à l’ensemble de la Résistance. Rejeté par Vichy en raison de son anglophilie et de son opposition à Darlan, La Laurencie nourrit de grandes ambitions, alimentées par certains chefs de la Résistance de zone Sud qui l’imaginèrent un temps en porte-drapeau. S’il ne fut sans doute pas, aux yeux des dirigeants des États-Unis, l’alternative à de Gaulle qu’on a parfois décrite, il reçut incontestablement des fonds d’origine américaine et rechercha le soutien des Anglo-Américains, afin de prendre la tête d’un gouvernement pro-allié. Son échec, largement imputable à son engagement dans un rapport de force avec la France libre qui tourna vite à l’avantage des gaullistes, est à la fois source et symptôme d’une première cristallisation de l’identité de la Résistance au tournant de l’année 1941-1942. « L’affaire La Laurencie » est en effet rapidement devenu un topos du discours gaulliste de la Résistance, dans lequel elle incarne « le prélude à l’affaire Giraud ».