Art, religion et éthique : trois expériences de résonance

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L’expérience esthétique, l’expérience religieuse et l’expérience éthique représentent trois manières de mener une vie bonne. Elles sont parfois intimement liées, parfois conflictuelles ou même contradictoires. La question de cette articulation traverse l’histoire de la pensée, de la définition des transcendantaux (le vrai, le bien, le beau) aux stades de l’existence chez Kierkegaard et se retrouve aussi dans une littérature plus récente. L’article cherche à explorer la problématique classique à l’aide de la théorie de la résonance élaborée par le sociologue Hartmut Rosa et propose un regard alternatif sur ce qui est appelé « spiritualité » dans d’autres jeux de langage. Si l’art moderne occupe une place anciennement attribuée à la religion, l’importance de l’expérience esthétique s’explique par sa capacité transformative dans la relation du sujet à un monde qui devient indisponible à l’exploitation et à la domination.

Aesthetic experience, religious experience, and ethical experience represent three approaches to living a good life. They are sometimes intimately linked, sometimes in conflict, and sometimes contradict one another. The question of how to articulate the relationship between these three experiences runs through the history of ideas, from the definition of the transcendentals (the true, the good, the beautiful) to the stages of existence according to Kierkegaard and can also be found in recent literature. This article seeks to explore this classical problematic with the help of the theory of resonance developed by the sociologist Hartmut Rosa, proposing an alternative view of what is called “spirituality” in other language games. If modern art occupies a place formerly attributed to religion, the importance of aesthetic experience can be explained by its transformative capacity in the subject’s relationship to a world that becomes inaccessible to exploitation and domination.