Ceci n'est pas un film colonial : la banalisation du hors-norme chez Grémillon

Résumé En

Le colonialisme n’est pas une thématique traitée en soi par le cinéma de Jean Grémillon, mais une toile de fond sociale sur laquelle s’inscrit le cadre contemporain de ses drames.Ainsi l’espace de la colonie est-il toujours un « non-lieu » à l’écran : - destination inaccessible de Daïnah la métisse dont l’héroïne s’abyme dans un no man’s land marin ; - exil pénitencier dans La Petite Lise ou L’Etrange Monsieur Victor dont les montages forgent l’essence d’un territoire perdu loin de la Métropole ; - hors-champ total et absolu dans Gueule d’amour, où il ne se résume plus qu’à l’exotisme excitant d’un costume de spahi.La colonie, à l’image des personnages qu’elle permet de caractériser, est un monde incompris, laissé aux portes du récit et dont les incarnations sont des êtres marginalisés.On ne peut donc qualifier ces œuvres de « films coloniaux », mais dans leur manière d’intégrer incidemment la colonie dans la banalité d’un quotidien bouleversé, ces fictions donnent sans doute une juste image de la menace latente que l’espace colonial et ses ressortissants (autochtones ou Blancs) font planer dans l’imaginaire collectif de la société française de l’entre-deux-guerres. Ni d’Ici, ni d’Ailleurs, ni tout à fait Autre, ni définitivement Même, les héros de Grémillon errent comme au purgatoire et la colonie devient l’indice de la fatalité de leur destin, à moins que ce ne soit l’inverse…

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