Les ouvroirs des Sœurs blanches en Algérie coloniale : l’enseignement technique et le travail féminin au service de l’apostolat missionnaire (années 1880-1930)

Résumé Fr En Es

Institutions originales à mi-chemin entre ateliers de production artisanale et centres de formation technique pour filles et femmes autochtones, les ouvroirs ont souvent été éclipsés par les œuvres scolaires et sanitaires dans l’historiographie consacrée aux Sœurs blanches. À partir des archives de la congrégation, cet article entend souligner leur place au cœur de la stratégie missionnaire en Algérie coloniale. En se focalisant sur les enjeux matériels, les circulations techniques et les transformations économiques, il met en lumière un aspect méconnu des interactions entre religieuses et populations locales. La comparaison de différents terrains de mission (Kabylie, Mzab, Alger) permet de montrer les adaptations, les ambiguïtés et la réception d’une œuvre qui vise la « conquête des âmes » à travers les transformations sociales et morales attachées au travail féminin.

‪Halfway between craft workshops and technical training centers for indigenous girls and women, the workrooms are less well-known than the educational and health institutions run by the White Sisters. Drawing on the archives of the congregation, this article aims to show that they were central to missionary strategy in colonial Algeria. By focusing on the material issues, technical exchanges and economic developments around them, it sheds light on another aspect of the interactions between nuns and indigenous populations. By comparing three different mission fields (Kabylia, Mzab, Algiers), it shows the adaptations, the ambiguities and the reception of works that aim at the “conquest of souls” through the social and moral transformations bound up with female work.‪

‪Los “ouvroirs”, instituciones originales a medio camino entre los talleres de producción artesanal y los centros de formación técnica para niñas y mujeres autóctonas, han quedado a menudo en segundo plano en relación con las obras escolares y sanitarias de las Hermanas Blancas. A partir de los archivos de la congregación, este artículo se propone estudiar su importancia en la estrategia misionera en la Argelia colonial. Centrándose en las cuestiones materiales, los intercambios técnicos y las transformaciones económicas, destaca un aspecto poco conocido de las interacciones entre las monjas y las poblaciones locales. La comparación entre diferentes regiones de misión (Cabilia, Mzab, Argel) revela las adaptaciones, las ambigüedades y la recepción de una obra que pretende « conquistar las almas » a través de las transformaciones sociales y morales asociadas al trabajo femenino.‪