« Mon printemps d'avant et de toujours » : temporalité et chronologie dans un choix d'œuvres de Jacqueline de Romilly

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Le 18 décembre 2010, les yeux de Jacqueline de Romilly se fermaient pour jamais. La deuxième femme reçue à l'Académie Française n'avait donc d'immortelle que le titre... On peut distinguer trois périodes dans sa vie littéraire : la période universitaire, autour des auteurs grecs, la période engagée, pour la défense des humanités, et, enfin, la période personnelle. Cette dernière est, à bien des égards, celle où la dimension esthétique se manifeste avec le plus de force. D'un point de vue chronologique, elle est la plus récente, puisque c'est à la fin de sa vie que notre auteur s'est véritablement consacrée à cette entreprise d'écrivain ; on peut légitimement supposer que l'expérience, la fréquentation permanente des grands textes et la sagesse qu'apportent les années font de cette partie de son œuvre -- fût-ce par un simple processus d'imprégnation -- la plus aboutie. De mémoires en souvenirs, de pensées en rêveries, Jacqueline de Romilly entraîne son lecteur dans un univers délicieusement suranné, où s'épanouissent l'amour du beau langage et le goût des valeurs intemporelles. Outre le je de l'auteur, un thème semble unir les six ouvrages qui constituent notre corpus : celui d'un cheminement, entre linéarité et retours imprévus, entre effacement et permanence. Le temps paraît être la clef de voûte de cette œuvre, car il est l'élément qui structure l'ensemble, en donnant à tous les autres la place qui est la leur : sans lui, point d'organisation, point de logique. « Mon printemps d'avant et de toujours ». En quelques mots, notre auteur affaiblit la force de mouvement du temps. Elle introduit l'idée d'une permanence possible, d'une continuité au-delà de la chronologie. Dans quelle mesure le temps structure-t-il, jusque dans son dépassement, l'œuvre de Jacqueline de Romilly ?