Le destin de l’Empire romain dans le temps long de l’environnement (note critique)

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2022

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Philippe Leveau, « Le destin de l’Empire romain dans le temps long de l’environnement (note critique) », Annales. Histoire, Sciences Sociales, ID : 10670/1.h08tts


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Cette contribution a pour point de départ la présentation du livre de K. Harper, qui traite de la place de l’évolution du climat et des maladies dans l’histoire de l’Empire romain. Après avoir présenté les grandes thèses défendues par l’auteur, elle s’attache aux critiques qui ont pu être adressées à ces restitutions par certains historiens : sous-estimation de la complexité de l’évolution climatique, surestimation de la mortalité épidémique, utilisation abusive des apologistes chrétiens, mobilisation des concepts de consilience et de résilience. Ces choix rendent compte des accusations de déterminisme et de réductionnisme dont le livre a fait l’objet. Le récit que K. Harper fait de l’histoire de Rome doit être replacé dans le contexte d’une histoire globale et environnementale promue par des historiens américains qui y saluent une entrée magistrale de l’histoire de Rome dans les préoccupations d’un monde du xxie siècle menacé par les deux conséquences de la globalisation : le changement climatique et les pandémies. Ils s’opposent en cela aux historiens européens qui insistent sur la diversité des conditions environnementales du temps de l’Empire et sur l’héritage historique légué aux nations européennes. Si l’écart entre ces deux approches fait l’intérêt du débat, le « présentisme » dont elles témoignent l’une et l’autre les expose au risque d’interpréter la chute de Rome en fonction des inquiétudes environnementales et géopolitiques actuelles.

The starting point of this article is a review of Kyle Harper’s book The Fate of Rome: Climate, Disease, and the End of an Empire. It presents the criticisms that some historians in Europe have leveled at its conclusions, notably that it underestimates the complexity of climate change, overestimates epidemic mortality, and makes misuse of Christian apologists. At the epistemological level, the reference to the sociobiological concept of consilience and the transfer of the physical concept of resilience to human societies are used to justify the hypothesis of common laws governing both human societies and the natural world, and thereby the integration of historical time into the temporality of the environment. These choices account for the accusations of determinism and reductionism that have been made against the book. Yet Harper’s account of the history of Rome must be placed in the context of a global and environmental history promoted by American scholars, who have welcomed it as a masterful entrance of Roman history into a twenty-first-century world threatened by two consequences of globalization: climate change and pandemics. This contrasts with the approach of European historians, who insist on the diversity of environmental conditions across the Roman Empire and on the historical legacy it has bequeathed to European nations. While these two approaches make for an interesting debate, they both attest to a certain “presentism” that risks interpreting the fall of Rome according to current environmental and geopolitical concerns.

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