21 novembre 2017
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Bruna Donatelli, « Instantané littéraire : les « légendes » de Michel Butor », Quodlibet, ID : 10670/1.h0kr4x
Le dialogue de Michel Butor entre littérature, arts figuratifs et espace, date depuis longtemps avec des approches toujours différentes et mobiles. Fasciné depuis toujours par la lumière, les paysages, les monuments et les personnes, il commence à photographier en 1951 après un voyage en Egypte et depuis cette date il ne se séparera jamais de son appareil. Il cesse de photographier en 1961 lorsqu’il commence à écrire sur les photographes et pour les photographes et par la suite il réalisera avec eux de nombreux ouvrages en commun, en renouant avec la poésie, son premier lieu d’élection. La première œuvre croisée, où Butor donne voix à l’image photographique, porte la signature d’André Villers qu’il connaît à Nice en 1977. C’est chez lui que le poète connaît beaucoup de photographes, avec qui il noue des rapports d’amitié et d’intense collaboration. Parmi les plus assidus, notamment Serge Assier, Henri Maccheroni, Maxime Godard et son épouse Marie-Jo qui a accompagné l’infatigable voyageur à la recherche de la spécificité d’un lieu à découvrir et à illuminer. Il écrit pour eux et avec eux des poèmes protéiformes (qu’il aime définir instantanés littéraires ou légendes) qui ne visent pas à redoubler l’image photographique, mais qui se veulent comme des prolongements narratifs de celle-ci. Il s’agit de poèmes dans et au-dessous de la photo, et d’une relecture de la réalité quotidienne saisie à partir d’un de ses fragments sur lequel le photographe a, inconsciemment ou intentionnellement, orienté, selon les cas, son regard et a opéré son choix.