Émile Durkheim, l’Année sociologique et le « Parti sociologique unifié » : Formes et enjeux du travail collectif (1897-1913)

Résumé Fr En

Le panorama de plus en plus précis de la diversité des entreprises intellectuelles qui se rangent en France, dans les dernières années du xixe siècle, sous le même mot de « sociologie » aiguise la question de la « victoire » durkheimienne. Sensible dans l’essor précoce de l’appellation « École française de sociologie », cette victoire passe par l’engagement du professeur de science sociale de Bordeaux dans deux entreprises collectives : L’Année sociologique d’abord, revue universitaire visant à rendre sa « virginité » à la « science nouvelle », puis la sociologie religieuse qu’il élabore dans les colonnes de la revue avec Marcel Mauss et Henri Hubert. À partir des correspondances entre collaborateurs surtout, cet article s’attache à documenter et interroger les différentes pratiques de travail que ces entreprises supposent.

Today, we have a better understanding of the diversity of 19th century French intellectual endeavors which could be put under the umbrella term of “sociology”. The latter begs the question of Durkheim’s “victory”. One can see this “victory” with the early use of the name “French School of Sociology”. It is owed to Durkheim’s commitment to his field via two collective works. On the one hand, we find L’Année sociologique, a scientific journal aimed at giving back its “virginity” to the “new science”. On the other hand, we find the sociology of religions he elaborated in the journal along with Marcel Mauss and Henri Hubert. Drawing mainly from exchanges between collaborators, this article aims at documenting and interrogating the various work practices that these endeavors entailed.