2009
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Michel Woronoff, « Leucippé ou les infortunes de la vertu : volupté et souffrance dans le roman d’Achille Tatius », MOM Éditions, ID : 10670/1.haujqv
Achille Tatius manifeste un goût véritable pour la description de la souffrance, que ce soit dans le récit lui-même ou dans les descriptions d’œuvres d’art qui l’émaillent. Tantôt, en effet, il se plaît à mêler beauté et terreur, par exemple dans l’évocation de l’effroi de Leucippé à l’arrivée de Thersandre, ou dans la description du tableau d’Évanthès représentant le supplice de Prométhée ; tantôt il décrit avec réalisme la souffrance d’un personnage au demeurant secondaire comme l’est l’amant de Clinias, présente dans une ekphrasis une scène de brutalité empreinte d’érotisme, tel le sacrifice d’Andromède enchaînée, ou va jusqu’à suggérer une scène de viol au travers du rêve d’une mère, quand il ne la décrit pas plus crûment au travers d’un tableau ; tantôt, enfin, il déploie des scènes de brutalité dont sont victimes des êtres désarmés, jouant ainsi avec le côté sombre de l’âme humaine. Néanmoins, par la manière dont il introduit ces épisodes dans son récit, le romancier invite en quelque sorte son lecteur à ne pas les prendre trop au sérieux, l’entraînant certes sur la voie du voyeurisme, mais manifestant une retenue vertueuse.