« Ma trop crédule fantaisie » : l'esthétique de la vision chez Saint-Amant

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8 juin 2011

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Manon Velasco, « « Ma trop crédule fantaisie » : l'esthétique de la vision chez Saint-Amant », DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.hd6y5m


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La fantaisie de Marc-Antoine Girard de Saint-Amant (1594-1661) est son imagination. Une imagination qui s'accommode fort bien du goût de son temps pour le macabre, la confusion et les terreurs nocturnes. Seulement, elle a ceci de particulier qu'elle y ajoute un net penchant pour les visions extravagantes, chimériques, fantastiques, pour les rêveries peuplées de lutins, de démons, de monstres en tous genres, de fantômes et autres ombres. Ronsard avant lui convoquait déjà ce personnel grotesque et merveilleux, mais Saint-Amant le fait à des fins bien différentes et en partie inédites. Ce que nous avons pris le parti de nommer "visions" englobe donc toute les productions extravagantes de la fantaisie du poète, ses chimères les plus hardies, celles qui frappent par leur caractère rare et extraordinaire. La prégnance de ce goût pour les visions est particulièrement sensible dans sept poèmes de son œuvre, composés entre 1617 et 1633, autour desquels nous avons bâti notre réflexion, tout en établissant les parallèles nécessaires avec les œuvres de ses contemporains, notamment Théophile de Viau et Tristan L'Hermite. De nombreux thèmes récurrents aux études du baroque, mis en lumière par Jean Rousset ou Didier Souiller, entre autres, traversent notre étude, tels que le monstrueux, les limites floues du songe et de la veille, le néo-épicurisme, l'infinie diversité de la nature ou encore l'illusion. Notre travail vise avant tout, à travers le détail des usages de la vision fantastique chez Saint-Amant, à prouver que ces usages ont une portée idéologique et esthétique. Pourquoi en effet convoquer la vision fantastique, la merveille, plutôt qu'une imagination fidèle à la vraisemblance, à la nature et au réel ? Pour quels effets et par quel caprice ? En allant au-delà de la nature, de la veille, de la raison, de la réalité, du monde connu, des profondeurs et des ténèbres, au-delà de Dieu même et de la Création, Saint-Amant trouve une manière d'aborder les doutes, les questionnements et les peurs de l'homme au sortir de la Renaissance, de traduire sa conception de la réalité et de la nature, de mener sa propre quête de la profondeur intime et vertigineuse des choses, d'exprimer la peur de la prolifération et de l'instabilité du monde qui semble toujours au bord de l'inversion. Mais Saint-Amant trouve également une fabuleuse opportunité de renouveler ou de maintenir le plaisir, l'étonnement et l'admiration des lecteurs, amateurs de cette éthique de la libre création et cette esthétique de la fantaisie capricieuse qui le caractérisent.

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