L'invu-visible de soi dans les histoires de vie : flânerie ethnographique et distanciation intimiste

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22 février 2017

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0 cassettes ont composé Le Filmeur, film-témoignage d’Alain Cavalier d'une vie faite de bonheurs et de peurs. Comme il le dit lui-même, l'idée de laisser passer de bons moments l'avait poussé à tout écrire. La caméra a pris le relais dans ce journal visuel. Alain Cavalier nous raconte avec pudeur et humour ces instants heureux, la maladie puis la mort de ses parents, sa peurs du cancer, ses opérations. Plus de dix ans ont été nécessaires au réalisateur pour achever Le Filmeur. Les premiers plans du film ont été tournés en 1994, les derniers en 2005. Alain Cavalier n'utilise pas d'effet, il est l'effet. Il ne triche pas, montre les choses comme il les voit à travers l'objectif de sa caméra, même si c'est un instant volé qui ne devrait concerner que lui ou sa compagne. A 40 ans, Chris Dancy a décidé de mesurer toute sa vie. Il est devenu « l’homme le plus connecté du monde », une façon pour lui d’atteindre un niveau de contrôle sans précédent sur son existence. Il a découvert le champ naissant du « quantified self », la mesure de soi pour connaître précisément ses comportements et pouvoir les optimiser en conséquence. Chris Dancy va pousser cette logique très loin. Il installe chez lui et sur lui une batterie de capteurs, pour collecter toutes les données possibles sur ses comportements, de ses heures de sommeil à ses rythmes urinaires. Il écrit des programmes pour garder des traces de tout ce qu’il fait et de tous les paramètres de son environnement. Joanna Choumali a photographié à Abidjan la dernière génération de personnes scarifiées. Pratiquées sur les enfants avant l’âge de dix ans, les scarifications permettent d’identifier l’ethnie, le village ou la communauté. Ce n’est jamais un symbole isolé. Elles peuvent avoir une dimension spirituelle également, dans les régions animistes ou vaudou, au Nigeria ou au Bénin, par exemple. Presque partout, la pratique s’est arrêtée dans les années 1970-1980, c’est pourquoi on parle de la dernière génération. Ce sont trois histoires de vie. Ce sont trois manières différentes de les exprimer. Ce sont les mises à l’épreuve des différentes figurations possibles de soi; mais ni le film, ni les instruments de mesure de soi connectés, ni les scarifications identitaires n’offrent toutefois pas de modèles suffisants. Il faut encore les déconstruire, les morceler, les investir et les invalider à la fois pour tenter d’en obtenir quelque chose. Ces trois récits de soi seront vus à la fois comme méthode de recherche et données collectées dans l’expérience et comme une construction de notre narration, notre miroir, notre identité de chercheur, lesquelles permettent d’avoir accès à notre expérience d’une manière intentionnelle, c’est-à-dire dans un rapport réfléchi de distanciation de l’action par une « posture d’extériorité ou de mise à distance qui facilite la construction d’un objet, d’un savoir et la déconstruction du sens de l’action » (Donnay, 2002, p. 4).

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