3 avril 2023
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Olivier Ritz, « Progrès et harmonie : La Grande Période de Jean Delormel », HAL-SHS : histoire, ID : 10.4000/lrf.7270
Dans La Grande Période, publiée en 1790, 1796 et 1805, Jean Delormel défend l’idée que l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre diminue lentement et que par conséquent l’humanité avance très lentement vers un nouvel âge d’or. Sa théorie présente trois paradoxes : d’une part, le temps est à la fois progressif et cyclique ; d’autre part, le progrès est à la fois très lent et très rapide ; enfin, le progrès est fait d’événements heureux et malheureux et, par conséquent, la Révolution française peut être l’un ou l’autre, selon le contexte de publication. Delormel défend l’utilité sociale d’une théorie de l’harmonie qui doit susciter l’espoir et qui peut avoir des applications concrètes. Bien qu’elle soit fondée sur l’astronomie et qu’elle s’appuie sur des éléments de la tradition biblique, sa science est une science pratique qui procède par deux opérations principales : simplifier et concilier. Le théoricien de l’harmonie se présente ainsi comme celui qui dépasse les querelles et qui fournit les moyens de les éteindre. Écrivant pour la concorde et pour le progrès, il peut offrir ses services aux institutions nouvelles, ce qu’il fait auprès du Comité d’instruction publique, puis du Premier Consul. Si La Grande Période est l’ouvrage singulier d’un auteur qui n’a joué aucun rôle majeur dans l’histoire des sciences, elle témoigne de la permanence de la demande sociale à laquelle Delormel s’est efforcé de répondre. Le désir d’unité qu’il exprime et auquel il entend contribuer est l’une des principales lignes de force politique et littéraire de la période révolutionnaire.