2008
Cairn
Christophe Scheidhauer, « Les langues de l'europe, un régime paradoxalement durable », Langage et société, ID : 10670/1.hklx1k
L’intégration de l’Europe a engendré un régime linguistique stable mais paradoxal. L’Union européenne multiplie ses langues officielles mais officieusement, elle privilégie l’anglais. Il ne s’agit pas d’une transition entre une Babel impraticable et une union rationnelle, monolingue. Au contraire, l’Union s’enorgueillit de sa diversité linguistique, et stigmatise l’anglais comme un contre modèle. Elle voit l’anglais à la fois comme la langue anti-nationale de la mondialisation, et comme celle du plus fort, les Etats -Unis d’Amérique. La pratique de l’anglais réunit les européens autour de l’ennemi commun. En fait, fondée sur un idéal de paix entre les nations, l’Union doit pratiquer une stricte égalité entre les langues nationales. Afin de n’en favoriser aucune, elle recoure officieusement à une langue tierce. L’anglais est la dernière langue que l’Europe envisage de défendre. Elle ne lèse donc personne en particulier. Diversité officielle et anglophonie officieuse se renforcent mutuellement.