The first nomads in Central Asia’s steppes (Kazakhstan)

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20 janvier 2022

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Julio Bendezu Sarmiento, « The first nomads in Central Asia’s steppes (Kazakhstan) », Publications scientifiques du Muséum national d'histoire naturelle, ID : 10670/1.hm8kqp


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Résumé En Fr

The large territory of the Central Asian steppes, extending from the Caspian Sea to China, has witnessed, as from the 2nd millennium BCE during the Bronze Age (Andronovo and Begazy-Dandybaj cultures) and then the Iron Age (Saka culture), the coexistence of various modes of economic exploitation: sedentary agriculture, semi-nomadism and pastoral transhumant nomadism, the latter completely established around the Early Iron Age. These cultures developed specific mortuary practices, centred on an important social hierarchy that one can perceive through the study of vast necropolises. In the absence of cities, funerary space played a fundamental part in the management of territorial space, and therefore in the economy.

Les premiers nomades en Asie centrale steppique (Kazakhstan) : un aperçu des changements socio-économiques majeurs à partir des pratiques funéraires des populations Andronovo et Saka aux âges du Bronze et du Fer (IIe-Ier millénaires avant notre ère)L’Asie centrale steppique, qui comprend aujourd’hui une partie de la Sibérie du Sud, du Kirghizstan et surtout du Kazakhstan, est un terrain privilégié pour les études des populations sédentaires et nomades du troisième au premier millénaire avant n.è. En parallèle, une puissante civilisation sédentaire et agraire, la Civilisation de l’Oxus, va se développer à partir du troisième millénaire dans la partie méridionale de l’Asie centrale (Ouzbékistan, Turkménistan, Tadjikistan nord de l’Afghanistan et nord-est de l’Iran). À travers leur histoire respective, ces deux ensembles culturels seront toujours en contact direct ou indirect et en relations à longue distance, pacifiques ou parfois conflictuelles. Dans ce contexte géographique, le Kazakhstan, à l’histoire diachronique et socioculturelle complexe, voit entre les âges du Bronze et du Fer (IIe-Ier millénaires avant n.è.) le passage d’une société au mode de vie sédentaire à une société semi-nomade, puis nomade de transhumance. Cette transition historique humaine contre-intuitive, s’inscrit à rebours de l’évolution des sociétés dites classiques. La découverte et l’étude du nomadisme autour du premier millénaire avant n.è, ne date pas d’hier. Les descriptions des sociétés nomades dans les steppes sont bien connues dans les textes anciens grecs, perses ou encore chinoises. Plus récemment les descriptions sur les nomades des périodes historiques ont été alimentées par les écrits de voyageurs, écrivains, ethnographes, historiens militaires et autres militaires et officiers tsaristes du XIXe siècle.Le domaine que nous voulons traiter dans cet article, nomadisme et pratiques funéraires, englobe un vaste sujet où la documentation est très abondante et la bibliographie en langue russe démesurée. Pour nous et dans le cadre des études bien établies par les chercheurs soviétiques, le nomadisme comme système socio-économique en Asie centrale est caractérisé par son principal mode de production qui est fondé sur l’élevage. Celui-ci implique tout d’abord un environnement spécifique, dans l’ensemble plutôt non approprié à l’agriculture, puis une certaine mobilité pour assurer l’alimentation des troupeaux tout au long du cycle annuel.À défaut d’avoir trouvé en nombre important les villages des anciennes populations des steppes, l’archéologie kazakhstanaise est surtout funéraire et concerne des milliers de tombes découvertes et fouillées depuis plus d’un siècle. L’archéologie funéraire a toujours motivé les chercheurs, non seulement parce que les sépultures sont plus riches que les habitats, mais aussi parce que les pratiques mortuaires se prêtent largement à l›enquête sociale en postulant que la tombe et la nécropole sont le résultat d›actes intentionnels et de conduites réfléchies dont la fonction, dans un sens large du terme, est de « signifier ». Le matériel archéologique et anthropologique provenant du Kazakhstan n’échappe aucunement à cette règle, surtout dans le contexte d’étude d’un peuple semi-nomade et nomadisant. L’archéologie funéraire y a fait l’objet de vastes études qui restent encore méconnues. Comme nous allons tenter de le voir par la suite, les pratiques mortuaires évoluent d’une manière trans-générationnelle marquée particulièrement par l’apparition d’une hiérarchie sociale, d’un semi-nomadisme, puis par un nomadisme qui finira par s’implanter et s’imposer. Sans villes, ces populations vont s’ancrer dans le paysage, afin de marquer leurs territoires, grâce à des points de repères tels que l’architecture funéraire pérenne et visible. Ces constructions accompagnées d’un urbanisme funéraire seront en grande partie l’unique miroir du mode de vie social des vivants.Dans ce contexte socioéconomique, d’une manière plus détaillée la chronologie traitée dans cet article englobe la fin de l’âge du Bronze et le début de l’âge du Fer (fin duIIe et début du Ie millénaire avant n.è.). Au début du deuxième millénaire avant n.è. la culture d’Andronovo s’est développée sur un très large ensemble territorial allant de l’Oural, à l’ouest, vers l’Ienisseï, au nord-est (sur près de trois mille kilomètres) et à la Chine au sud-est, ainsi que de la région de l’actuelle ville d’Omsk, au nord, jusqu’à la mer d’Aral, au sud. Sur l’ensemble de ce territoire, il existe une certaine homogénéité dans la culture matérielle avec des différences locales perceptibles. Les données archéologiques montrent qu’une grande majorité de la population menait une vie sédentaire dans des villages qui se situaient habituellement aux extrémités des terrasses non inondables. Ces populations pratiquaient un mode d’économie mixte agro-pastoral qui employait le cheval comme animal de trait avec des cultures surtout céréalières et la domestication de bovins, camélidés, caprinés et équidés.Durant la première étape de la culture d’Andronovo (Bronze ancien à la fin du IIIe millénaire avant n.è.), le cheptel (principalement constitué de bovins) était réduit et le fourrage naturel n’était nullement difficile à trouver dans les pâturages proches des habitations. À la période suivante, celle du Bronze moyen entre le XVIIIe-XVe siècles avant n.è., le cheptel paraît augmenter et se compose désormais d’ovins, d’équidés et de chameaux, plus aptes à trouver seuls leur nourriture. C’est sur les sites de cette époque que l’on a retrouvé les plus anciennes barrettes de mors en os, qui témoignent de l’apparition des brides pour chevaux et, donc, d’un début d’utilisation du cheval monté, ce qui eut une influence considérable sur le développement de l’économie et des relations socio-culturelles (e.g. intensification et complexification des relations inter-individuelles et inter-groupes sur de longues distances). Les hommes ont eu dès lors la possibilité d’inclure dans la sphère de leurs activités, économiques en particulier, des terrains plus vastes et plus éloignés que ceux habituellement exploités dans l’environnement proche de leurs établissements. La mise en valeur de nouvelles terres et l’augmentation du cheptel dépendaient l’une de l’autre.L’économie de ces populations reposait durant la première moitié du deuxième millénaire sur la combinaison d’un élevage pastoral de type sédentaire et d’une agriculture rudimentaire (utilisation de houes en pierre et de faucilles en bronze). Pour les périodes les plus tardives, l’économie se caractérise par le passage à l’élevage, d’abord en alpage de type sédentarisé (Bronze final, XVIe-XVe siècles avant n.è.), puis de type nomade (période transitoire âge du Bronze-âge du Fer, XIVe siècle avant n.è.). L’élevage (bovidés, équidés, caprinés) assurait sans doute à la population des produits de première nécessité (viande, lait), sans oublier la laine ou les fourrures utilisées pour la fabrication des vêtements. C’est sur la base économique de ces trois composantes : l’agriculture, l’élevage et la métallurgie, que cette période de l’âge du Bronze connaîtra son développement.La culture de Begazy-Dandybaj marque entre le XIIIe et le Xe siècles avant n.è. la transition avec l’âge du Fer ancien, période caractérisée par le passage au nomadisme pastoral monté, mélange d’un mode de vie agro-pastoral sédentaire et d’un mode de vie semi-nomade de transhumance. Une partie des steppes et des montagnes vivait au rythme de l’élevage nomade et semi-nomade qui constituait alors la base de l’économie. Dans les zones montagneuses de l’Altaï et des Tianshan, on pratiquait une alternance entre un élevage en alpage et une agriculture sans irrigation artificielle grâce à l’humidité naturelle du piedmont et des montagnes, adaptée au climat, constituant ainsi un mode de vie semi-sédentaire. Des chercheurs soviétiques présument, même si la paléo-démographie ne tend pas à le démontrer, que le nombre d’habitants augmenta fortement, aboutissant à moyen terme à une « explosion démographique ». Celle-ci se serait accompagnée d’un accroissement considérable des troupeaux, comme le montrent les études archéozoologiques, suite au développement des forces productrices et de cette nouvelle forme d’économie migratoire. Ce phénomène aurait conduit les populations à rechercher de nouvelles zones de pâturage avec une expansion « graduelle » transformée au cours du temps en migration continuelle, créant un monde particulièrement mouvant avec la pratique d’un nomadisme « horizontal » (à la recherche des points d’eaux) et « vertical » (vers les vallées de haute altitude à la recherche des pâturages d’été). La gestion et configuration du territoire dans ces nouvelles conditions devaient générer de nouvelles sources de conflits.L’évolution vers ce type d’économie, à la fin de l’âge du Bronze, trouve un début de réponse dans l’étude du climat qui semblerait, en Asie centrale, avoir subi, depuis des périodes reculées, un assèchement qui eut comme conséquence la réduction du niveau des lacs de montagnes et un tarissement des petites rivières et ruisseaux dans la zone des steppes. Ceci eut pour conséquence la migration des populations humaines sur des longues distances, selon certains chercheurs soviétiques, du centre et de l’est du Kazakhstan vers le Semirech’e où la proximité des montagnes assura, durant cette période de changement, un milieu stable, provoquant en particulier une gestion économique préférant l’élevage à l’agriculture et qui aboutira avec le temps à une emprise plus accentuée du premier mode de subsistance sur le deuxième.C’est au début du premier millénaire avant n.è. que commence l’âge du Fer avec l’apparition de la culture Saka et d’un certain nombre d’innovations socio-économiques dont la principale est sans aucun doute l’intégration définitive du nomadisme pastoral monté aux modes de vie locaux. Ces facteurs devaient impliquer entre autres une bonne connaissance méthodique de la gestion du bétail dans laquelle la bonne diffusion du véhicule à roue et, plus tard, du développement du transport grâce au cheval monté devait jouer un rôle essentiel et complémentaire. Dans ce contexte de vie nomade, le cheval de selle, comme moyen de déplacement, joua un rôle prépondérant. L’utilisation de ce dernier implique la création puis le perfectionnement des pièces d’harnachement.Le territoire associé à la culture Saka s’étendait du centre du Kazakhstan au nord de la Chine (le Xinjiang) et jusqu’à la Mongolie. Grâce aux données du matériel archéologique, notamment céramique, aux structures funéraires, aux rites, aux caractéristiques anthropologiques, ainsi qu’à la génétique, la filiation est fermement établie, d’une part, entre les cultures d’agriculteurs éleveurs sédentaires (Andronovo) puis semi-nomades de l’âge du Bronze (culture de Begazy-Dandybaj) et d’autre part, celles des nomades de l’âge du Fer. Ce nomadisme semble émerger quelque part dans la steppe eurasienne et se répandre par une réaction sans doute « en chaîne » à travers tout son territoire. Les tribus de l’Altaï, des Tianshan et du Pamir pratiquaient un « nomadisme vertical » de transhumance saisonnière. Sur de longues distances, en été, ils suivaient les pâturages situés en altitude, et en hiver, les pâturages de plaine. Ce type d’économie était complété par les ressources exploitées dans le cadre d’une vie semi-nomade (e.g. pratique de la chasse, cueillette), voire sédentaire d’une partie de la population (e.g. pratique d’une agriculture sèche de céréales) comme cela semblait être le cas dans certaines régions du Kazakhstan au Ve siècle avant n.è. Les recherches sur ce sujet, notamment sur les populations du début du premier millénaire avant n.è., restent rares car les découvertes sont assez récentes en Asie centrale steppique.Au Kazakhstan, pendant l’âge du Fer, l’élevage nomade et semi-nomade deviendra la forme prépondérante du fondement socio-politique et de subsistance économique de groupes sociétaux dispersés, régis par une hiérarchie sociale, dont l’unité de base sera la famille nucléaire, autonome avec son bétail privé. En effet, dès le premier millénaire avant n.è., des formes différentes de structures sociales adossées à l’apparition d’un « chef » très puissant vont faire leur apparition. C’est ce chef qui aurait distribué aux différentes tribus les terres de pâturages ou qui guidera les troupes lors de conflits armés. Il sera ainsi le garant de la préservation d’un équilibre entre les ressources naturelles immédiatement disponibles (eau, fourrage) et le nombre de têtes de bétail mais surtout, c’est sous son égide que différents travaux collectifs vont organiser, comme la construction des grands kourganes leurs monuments funéraires. Sur un vaste territoire, la présence de la tombe d’un « chef » comme centre du pouvoir, sa résidence éternelle, marquera le lieu par lequel transitent les échanges, comme un point de référence aux relations sociales.

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