2021
Mathilde Prévost et al., « Did Egyptians Eat Donkeys ? Reflexions from Archaeological and Historical Data », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.hu4k6c
Le faible nombre de données suggérant que les anciens Égyptiens mangeaient des ânes a conduit à l’hypothèse de l’existence d’un tabou interdisant cette pratique. Cependant, l’anthropologue Y. Volokhine a remis en question l’existence de tabous alimentaires en Égypte ancienne. Il est donc nécessaire de revoir toute la documentation archéologique et historique disponible pour évaluer dans quelle mesure les Égyptiens ont, ou non, mangé de l’âne. Dans le contexte quotidien, le manque de restes fauniques rapportés à des ânes fait penser que les Égyptiens n’avaient pas pour habitude de manger de cet animal. Les textes et les images sont aussi quasiment muets sur ce thème. Les seules exceptions sont marquées par le site portuaire d’Ayn Soukhna, où des ânes ont clairement été consommés en contexte expéditionnaire, et par un Journal de la Tombe de Deir el-Médineh, d’après lequel six ânes ont été achetés et mangés par des artisans, peut-être en période de pénurie de viande. Les Égyptiens ne mangeaient donc habituellement pas d’ânes, mais cela n’était pas non plus une interdiction. Dans le contexte rituel, nous ne relevons pas non plus d’interdiction. Dans le domaine archéologique, identifier des ânes qui devaient être consommés par les dieux ou les défunts, puis par les prêtres, est très difficile, à cause des problèmes d’identification et d’interprétation que posent les rares restes fauniques découverts dans ce contexte. Du point de vue historique, quelques textes et images indiquent que des ânes ont pu être offerts à des divinités ou à des morts, mais ils ne sont pas toujours clairs ou sûrs. En revanche, la consommation par des vivants de parties du corps de l’âne, ou d’éléments portant leur nom, est bien attestée, notamment dans les textes médico-magiques.