La transplantation utérine : un nouveau don procréatif

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2023

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Léa Karpel et al., « La transplantation utérine : un nouveau don procréatif », Médecine de la Reproduction, ID : 10670/1.huvk3v


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Près de 10 000 femmes en France souffriraient d’une infertilité utérine, principalement liée au syndrome Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH), qui prive les femmes d’utérus à la naissance. Depuis la première naissance suite à une transplantation utérine (TU), en Suède, en 2014, plusieurs pays, dont la France, ont mis en place des essais de TU. Cet article met en lumière les enjeux psychologiques que la TU engage chez les trois protagonistes : la receveuse, son conjoint et la donneuse. Matériel et méthode : Le service de gynécologie-obstétrique et biologie de la reproduction de l’hôpital Foch de Suresnes est impliqué scientifiquement dans la TU depuis 2011. Depuis 2013, plus de 200 candidatures ont été adressées à ce service. Seules 16 familles sont parvenues à remplir les critères d’inclusion à l’essai. La psychologue dédiée a mené de longs entretiens cliniques avec la donneuse, la receveuse et son conjoint. Résultats : Toutes les receveuses potentielles souffrent d’un syndrome MRKH. Les donneuses potentielles sont principalement les mères des receveuses (81 %), ainsi qu’une tante maternelle, une belle-sœur et une belle-mère. L’âge moyen des donneuses est de 55 ans (48-65 ans), elles sont majoritairement en couple (88 %). Les receveuses sont âgées de 27 ans en moyenne (23-36 ans) et leurs conjoints de 33 ans en moyenne (22-45 ans). La durée de vie conjugale est en moyenne de six ans. Soixante-dix pour cent (70 %) des mères donneuses ont exprimé une culpabilité vis-à-vis du syndrome ; 31 % (n = 5) des donneuses potentielles, dont quatre mères, ont exprimé des réticences et des doutes quant à leur geste ; 62,5 % des donneuses sont ménopausées et 75 % sont grands-mères. Tous les couples sont bien renseignés sur la gestation pour autrui et l’adoption. Deux couples sont très avancés dans ces démarches. Seuls les conjoints évoquent spontanément les risques du protocole. Seule une famille a accédé à la transplantation, puis à la naissance d’un enfant. Conclusion : Cette extraordinaire avancée chirurgicale a donné un espoir incroyable à ces femmes privées d’utérus depuis leur naissance. Elles acceptent la part de risque, tant l’espoir de grossesse, d’accouchement et de maternité biologique, donné par l’essai, alimente le rêve d’une féminité complète, non atrophiée. Le désir de complétude féminine va de pair avec leur désir d’enfant. Cet essai a rendu le drame des femmes privées d’utérus enfin visibles dans la société et dans la recherche médicale.

Almost 10,000 women are suffering from Absolute Uterine Factor Infertility (AUFI) in France, mainly related to a Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH) syndrome: one baby out of 4 500 born without uterus and sometimes without a part of her vagina. In 2014, a first baby was born after uterus transplantation (UTx) in Sweden. Since then, other countries, such as France, began a trial of UTx. This article aims to describe and analyse the psychological effects on families engaged in Utx trial. Material and method: The gynecology-obstetrics and reproductive medicine department at the Foch's Hospital is engaged in Utx trial since 2011. Since then, more than 200 candidates for UTx applied to be part of our trial. Only 16 families succeeded to reach the first step of our trial. Our psychologist received all protagonists of those families: donors, recipients, and their partners. Results: All recipients are suffering from MRKH syndrome. Donors are mainly recipient's mothers (81%), also one mother-in-law, one sister-in-law and a maternal aunt. Mean age of donors is 55 years old (48-65), of recipients 27 years old (23-36) and of their partner 33 years old (22-45). Seventy-five percent of donors are grandmothers. Sixty-two percent are postmenopausal women. Eighty-eight percent are sexually actives. The mean duration of recipient's common life is about 6 years (2-17). Seventy percent of mother's recipients felt guilty about their daughter's syndrome. Thirty-one percent of donors (four mothers included) expressed reluctance and doubts about their donation. Couples are aware of adoption and/or surrogacy procedure. Only a few began a real process. Only one family accesses the UTx. Only partners deal consciously with trial's risks. Conclusion: This extraordinary surgical success gives a real hope to all women suffering from AUFI. Those first candidates accept risks because of their deep desire of pregnancy, delivery and biological motherhood. This trial nourishes their secret dream of complete femininity too. This trial highlights this rare and dramatic syndrome for society and medical research.

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