17 décembre 2021
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Alexander Marx Chabot, « Langues possibles et impossibles : Naturalité, facteurs tiers, et phonologie sans substance à la lumière des règles folles », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.i5hod4
Cette thèse porte sur la computation phonologique et son statut en tant que cognition. Elle demande à quoi ressemble une computation phonologique, comment les motifs possibles de sons linguistiques sont contraints par des faits du monde physique, et dans quelle mesure ces faits sont récapitulées dans la phonologie elle-même. Les langues du monde présentent une variété de motifs phonologiques dynamiques. Certains sont relativement courants et se reproduisent fréquemment dans toutes les familles linguistiques. D'autres motifs sont moins fréquents, se produisant rarement ou dans des cas isolés. La notation formelle utilisée dans les théories phonologiques—censée incarner quelque chose de réel qui se passe dans le cerveau humain—peut être utilisé pour exprimer des schémas d'alternance et rares et fréquemment récurrents. Elle peut en principe être utilisés pour exprimer encore d'autres sortes d'alternances qui semblent ne jamais se produire, ou même des alternances qui sont impossibles dans le langage humain. L'une des questions les plus importantes de la théorie de la phonologie, posée par exemple par Reiss 2003: 335, est qu'est-ce qu'une règle possible ? Ou, au-delà des grammaires phonologiques, qu'est-ce qu'une langue possible ? Cette thèse explore ces questions à la lumière d'alternances phonétiquement arbitraires, appelées règles folles (Bach & Harms 1972). Les alternances phonologiques sont une propriété universelle des langues humaines naturelles ; tandis que beaucoup des alternances phonologiques sont facilement énoncées en termes phonétiques—typiquement articulatoires—les règles folles semblent n'obéir à aucun principe de phonétique articulatoire. En termes computationaux, les règles folles sont arbitraires car à partir de tout input X, tout output Y peut être produit. Cette thèse fournit un aperçu de la naturalité dans la théorie phonologique—un outil utilisé avec l'ambition de fournir à la théorie phonologique un pouvoir explicatif et prédictif. Une étude de 31 règles folles suggère qu'il n'y a pas de naturalité en phonologie. L'enquête permet de faire une observation importante : les règles folles ne sont jamais folles qu'au niveau segmental. Bien qu'il existe des motifs d'alternance phonétiquement arbitraires, il n'existe pas de motif d'alternance folle qui dépende de la structure syllabique ou d'une autre structure suprasegmentaire. La thèse considère ensuite la théorie phonologique à la lumière de règles folles. Elle soutient que la naturalité formelle est confrontée à de graves problèmes conceptuels et empiriques, faisant un certain nombre de fausses prédictions sur les langues possibles et impossibles. Elle suggère une explication possible de la rareté des règles folles qui repose sur des faits extérieurs à la phonologie—des faits sur l'articulation, la perception et l'évolution des langues humaines. Excluant le naturel, la thèse soutient que la Phonologie Sans Substance (Hale & Reiss 2008) fournit un moyen prometteur de conceptualiser l'enquête sur les propriétés computationnelles de la phonologie. Clôturant la partie théorique, la thèse propose une analyse sans substance d'un motif complexe d'alternances en sarde campidanais. Le modèle utilise à bon escient un domaine mélodique distinct et un domaine suprasegmentaire distinct. Dans le premier cas, la folie est possible et donc les computations mélodiques arbitraires le sont aussi. Dans ce dernier, la folie est impossible et la lénition et la fortification sont des processus phonologiques parfaitement réguliers. La thèse propose une revue des expériences d'Apprentissage de Grammaire Artificielle. Bien qu'il existe des preuves substantielles d'un biais de complexité dans l'apprentissage des modèles phonologiques en laboratoire, il existe des preuves beaucoup plus faibles d'un biais de naturalité. Enfin, cette thèse présente un protocole d'expérience EEG qui peut être utilisé pour sonder les alternances et les comparer à la computation phonologique.