États dangereux, délinquance et santé mentale : représentations, insécurité et peurs sociétales comme sources de la stigmatisation des malades mentaux

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2007

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Jean-Louis Senon et al., « États dangereux, délinquance et santé mentale : représentations, insécurité et peurs sociétales comme sources de la stigmatisation des malades mentaux », L'information psychiatrique, ID : 10670/1.ihxzvr


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Les représentations de la violence et de la maladie mentale ne sont pas dissociables des courants qui infiltrent les sociétés démocratiques contemporaines. Les peurs et l’insécurité se développent depuis les années 1975 avec l’effondrement du modèle de l’état providence des années suivant la dernière guerre mondiale, construit sur le salariat et l’assistance sociale. L’augmentation du chômage de longue durée, les difficultés d’insertion professionnelle des jeunes, comme le chômage tardif des seniors et l’émiettement de la protection sociale, renforcent la peur de l’avenir et les craintes du lendemain. L’insécurité est devenue la grande préoccupation des politiques et le législateur multiplie les lois sécuritaires en diffusant une politique de tolérance zéro qui fait du malade mental un bouc émissaire facile d’autant que son insertion est devenue plus aléatoire. Pour autant, il est indispensable que les équipes psychiatriques soient conscientes que les troubles mentaux graves sont à l’origine d’un risque majoré de violences ou même d’homicide, cela en dehors de tout abus de substance. Ce risque est majoré par toute rupture de soins et est plus important quand le patient a des antécédents de violence et dans les 20 semaines suivant sa sortie de l’hôpital. Il faut néanmoins se garder de confondre crime et maladie mentale en se rappelant par exemple que si, dans les pays industrialisés, le taux des homicides est compris entre 1 et 5 pour 100 000 habitants, les troubles mentaux graves ne seraient responsables que de 0,16 cas d’homicide pour 100 000 habitants, la maladie mentale ne concernant que moins de 1 homicide sur 20.

Dangerous states, delinquency and mental health: representations, insecurity and public fear fuel the stigmatisation of the mentally illRepresentations of violence and mental illness are indissociable from the currents bearing down on contemporary democratic societies. Fears and insecurity have been on the increase since the mid 1970s with the collapse of a welfare state built on wage-earners and social assistance in the years following the last world war. The increase in long-term unemployment, the difficulties experienced by young people trying to break into the job market, the high unemployment rate of seniors and the breakdown of social protection, all reinforce the fear of the future. Insecurity became the number one priority for politicians, and legislators introduced a multitude of laws on social order, announcing a policy of zero tolerance which made mental patients into easy scapegoats, all the more so as their insertion became more random. All the same, psychiatric teams must be aware that those suffering from serious mental disorders represent a significantly higher risk for violence or homicide than general population, disregarding substance abuse. This risk is increased by any break in treatment, if the patient has a personal history of violence, in the 20 weeks following discharge, in the case of substance abuse, non compliance, acute paranoid symptoms, associated TPA or cerebral damage. However, it is important not to confuse crime and mental illness; for example, while in industrialised countries, the homicide rate is between 1 and 5 per 100,000 inhabitants, serious mental disorders are only responsible for 0.16 cases of homicide per 100,000 inhabitants, and mental illness only concerns 1 homicide out of 20.

Peligrosidad, delincuencia y salud mental : representaciones, inseguridad y miedos societales como motivos de estigmatización de los enfermos mentalesLas representaciones de la violencia y de la enfermedad mental no son disociables de las corrientes que laminan las sociedades democráticas contemporáneas. Los miedos y la inseguridad están en aumento desde 1975 con el hundimiento del modelo del estado providencia de los años después de la última guerra mundial, construido sobre el asalariado y la asistencia social. El aumento del paro de larga duración, las dificultades de inserción profesional de los jóvenes, el paro tardío de la gente mayor y la fragilización de la protección social, refuerzan el miedo del futuro y las preocupaciones por el mañana. La inseguridad se ha convertido en la gran preocupación de los políticos, los legisladores multiplica las leyes seguritarias difundiendo una política de tolerancia cero que hace del enfermo mental un emisario fácil ya que su inserción es cada vez más aleatoria. Por ello es indispensable que los equipos psiquiáticos sean conscientes de que los trastornos mentales graves aumentan el riesgo de violencia e incluso de homicidio, y ello fuera de todo abuso de substancias. Este riesgo es aún mayor en caso de ruptura del seguimiento y sobretodo cuando el paciente tiene antecedentes de violencia y durante las 20 semanas que siguen la salida del hospital. No por ello se debe confundir crimen y enfermedad mental, hay que tener en cuenta que en los paises industrializados la tasa de homicidios está comprendida entre 1 y 5 por 100 000 habitantes y que los trastornos mentales graves solo son responsables de 0,16 casos de homicidios por 100 000 habitantes, la enfermedad mental solo concierne 1 homicidio sobre 20.

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