5 septembre 2023
Antoine Laurent et al., « 3D scanning for rock art studies: Chauvet-Pont d’Arc cave », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.ipmwg3
Découverte en 1994, la grotte Chauvet-Pont d’Arc (Ardèche, France) est l’une des plus anciennes grottes ornées sur le continent Eurasiatique ; les dessins noirs sont datés de l’aurignacien et les plus ancien de - 36000 ans. Les outils photographiques sont des supports essentiels aux inventaires archéologiques et aux relevés des parois et des sols. Combinée à des éclairages rasants, la photographie permet de caractériser le geste et la matière picturale. Depuis quelques années, cet outil d’acquisition se développe grâce à la technologique de reconstruction 3D par photogrammétrie et par stéréophotométrie. Au travers de l’exemple du travail de l’équipe scientifique de la grotte Chauvet-Pont d’Arc, nous entendons partager les méthodes pratiquées et en cours d’intégration dans les procédés d’analyse. Nous insisterons sur l’appropriation de ces techniques auprès de chaque spécialiste mais, aussi sur la nécessité de l’interdisciplinarité pour le déploiement des outils. Dans un premier temps nous aborderons le travail de numérisation 3D par photogrammétrie dans un milieu aussi contraint que la grotte Chauvet. Cette dernière nécessite une adaptation à la taille des oeuvres, à l’accessibilité des sols, à la distance de prise de vue, à la gestion de la lumière et à la résolution utile à l’étude. Pour cela nous avons développé une approche multi-scalaire depuis un modèle général subcentimétrique et géoréférencé avec la lasergrammétrie jusqu’à des modèles submillimétriques pour les relevés des différents spécialistes. Dans un second temps nous montrerons comment sont intégrées les outils de stéréophotométrie dans le travail des archéologues grâce au travail interdisciplinaire avec le laboratoire d’informatique de Toulouse (IRIT). A partir d’une série de photographies prises d’un même point de vue tout en changeant l’éclairage et en s’appuyant sur le modèle Lambertien, il est possible de reconstruire la géométrie d’une paroi et de dissocier la couleur de surface. Plus résolue que la photogrammétrie la stéréophotométrie est particulièrement adaptée à l’art pariétal paléolithique qui combine souvent peinture et gravure. Les volumes de la grotte Chauvet nous imposent de moduler les méthodes de captation en fonction de la distance aux oeuvres, ainsi nous présenterons les acquisitions libres et celles avec un dôme de Reflectance Transformation Imaging (RTI). Enfin nous verrons leur intégration dans le processus d’étude interdisciplinaire de la grotte. Cela passe soit par le couplage de la photogrammétrie et de la stéréophotométrie afin de combiner les forces de chaque méthode, soit par la stéréophotométrie multivues. L’objectif est de fournir une lecture multimodale pour la documentation du site.