2024
Cairn
Vincenzo Susca, « Le nouveau paradis artificiel : IA, technomagie et post-humanisme », Sociétés, ID : 10670/1.itymmf
Après une longue période où la technique a joué surtout le rôle d’instrument au service de l’être humain, nous nous trouvons aujourd’hui dans un système intégral d’informations, de machines, d’algorithmes et de réseaux, dont les intelligences artificielles sont la dernière manifestation, si puissant que, après en avoir définitivement perdu le contrôle, c’est nous-mêmes qui dérivons d’eux. Nous sommes pris dans leurs rets, qui nous enveloppent et nous attachent à tout ce qui est autre. Happé par une spirale contagieuse, l’être humain devient à la fois chose, information, spectacle, marchandise, œuvre d’art et artiste. Il se défait de sa propre identité́ pour se dissoudre dans l’altérité́ et se retrouver autre que soi. Nous voici comme autant de technomagiciens et de cobayes volontaires d’une expérimentation totalisante sur la vie à venir, en temps réel. Dans ce scénario, les IA ne se limitent pas, selon les utopies modernes, à travailler à notre place. Elles finissent par agir avec nous – et même par nous remplacer – dans les domaines jadis exclus à l’emprise technique : l’art, la création, le jeu…