La voix de l’émancipation ? Pratiques chansonnières des couturières parisiennes au xixe siècle

Résumé En Fr

Seamstresses, with their distinctive position within the Parisian working class, fascinate the numerous philanthropists and journalists who multiply their publications thus modelling the image of the perfect female worker as they fantasize her. The seamstress’s leisure time constitutes a major component of these Pygmalions' productions. Song is viewed as a way of transmitting Republican values and righting these female workers' morals. At the very start of the 20th century, a certain number of works offer free artistic education to young Parisian seamstresses, using methods that recall those in school promoting education through song. Despite these reformers' attempts to impose good forms of leisure, the workers vary in their singing practice between submission, rebellion and at times subversion. This paper tries to recreate their distinctive voice on their path to emancipation.

Occupant une place particulière au sein de la classe ouvrière parisienne, les couturières fascinent de nombreux philanthropes et journalistes qui multiplient les publications, modelant ainsi l’image d’une ouvrière parfaite telle qu’ils la fantasment. Le temps libre de la couturière constitue une partie importante des productions de ces pygmalions masculins. Le chant est vu comme un moyen d’infuser les valeurs républicaines et de redresser moralement l’ouvrière. Au tout début du xxe siècle, certaines œuvres offrent une éducation artistique gratuite aux jeunes couturières parisiennes, utilisant des méthodes rappelant l’éducation par le chant à l’école. Malgré ces tentatives des réformateurs d’imposer un bon loisir, les ouvrières varient dans leurs pratiques chansonnières entre soumission, rébellion et parfois subversion. Cet article part à la recherche de leur voix singulière sur le chemin de l’émancipation.