10 décembre 2020
Christophe Pommier, « Innovation et artillerie en France (1852-1914). Une radicale transformation technologique de l’armement au regard de l’histoire de l’innovation », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.j0tle3
De 1852 à 1914, l’artillerie connaît plusieurs innovations qui révolutionnent l’arme et son emploi. Outre l’apparition et les cheminements de ces innovations, cette thèse a pour objectif de comprendre les défis qu’elles posent au monde militaire, les réponses qu’il y apporte et les réformes qui en résultent. La guerre de 1870-1871 constitue ainsi un test majeur pour les innovations du Second Empire – âme rayée et chargement par la culasse : les réformes des décennies suivantes découlent des enseignements qui en ont été tirés. Pour l’artillerie, cela implique de moderniser l’armement afin de revenir au niveau de l’Allemagne, puis d’innover délibérément et radicalement en venant à bout de deux blocages structurels : remplacer la poudre noire et maîtriser le tir rapide. Les solutions trouvées – mises au point d’une poudre propulsive sans fumée (1884), de la mélinite (1885) et du canon de campagne à tir rapide (1896) – constituent de véritables réussites techniques. Toutefois, le conservatisme général du commandement et ses doutes, mêlés de déni, quant aux effets létaux de l’armement empêchent ces innovations d’avoir une incidence forte et rapide dans les règlements militaires : le potentiel destructeur de la mélinite, le changement d’apparence du champ de bataille dû aux poudres sans fumée et sa saturation en projectiles par l’action généralisée d’une artillerie à tir rapide restent relativement méconnus. Les lourdes pertes humaines du début de la Première Guerre mondiale sont le prix à payer de de cette inadaptation doctrinale.