6 février 2015
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Charles Sumner, « Beauty and damaged life in Virginia Woolf’s short fiction », Journal of the Short Story in English, ID : 10670/1.j4vh06
La beauté apparaît de manière récurrente dans l'œuvre de Virginia Woolf, que ce soit à travers l'attention portée aux beaux objets, l'expérience de la beauté que font ses personnages ou son style impressionniste empreint de métaphores picturales comme la couleur, la ligne ou la relation spatiale. Lorsqu'ils abordent la beauté dans son œuvre, les critiques s'intéressent à la manière dont ces métaphores reconstruisent formellement la complexité de l'expérience esthétique ou l'expérience sensible de la cognition. Cependant, une analyse purement formelle renforce la vision conservatrice selon laquelle Woolf utilise la beauté pour enchanter. Il est vrai que Woolf apprécie le sentiment de plaisir, de bonheur et de liberté—“l'envol de l'esprit”—que donne l'expérience de la beauté. Mais pour elle, la beauté est également un moyen de critiquer la société. Ainsi utilise-t-elle un langage intensément lyrique pour décrire certaines formes de vie meurtrie, telles que la dépression suicidaire et la déchéance de nature économique et sociale; et la tension inattendue qui se dégage de la fusion de la souffrance et de la beauté confère à cette dernière une dimension sociale et critique. Une telle utilisation de la beauté distingue Woolf des autres modernistes qui, en général, cherchent à réfracter les bouleversements sociaux dans un style discordant. En outre, cela permet à Woolf de lancer un défi à la honte de la beauté qu'entretient la société libérale ou au sentiment d'être à la fois privilégié et coupable qui va de pair avec l'appréciation de la beauté, en utilisant celle-ci pour observer et commenter indirectement les aspects sociaux dérangeants de son monde fictif. L'analyse montrera pourquoi elle pense que ce défi est nécessaire et comment elle le représente dans certaines nouvelles et esquisses, en particulier dans “Holborn Viaduct,” “The Man Who Loved His Kind” et “Solid Objects.”