2016
Jean-Charles Vegliante, « Quasimodo (et Cielo d'Alcamo), hypothèse andalouse », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.j6rshd
L’auteur, dans la suite de ses travaux sur les échos internes (O. Macrí) et externes (par exemple ceux de poètes célèbres pour leur temps – Cfr. l’essai Reprises, refontes, texte, «Chroniques Italiennes» web 24, 2012), élargit sa conception d’un architexte diffus bien au delà de l’intertextualité strictement entendue; plus proche d’un immense, mal saisissable hypertexte au sens d’internet, cette nébuleuse d’influences croisées et déformées, le plus souvent non reconnues, se traduit en particulier dans des formes du niveau supra-segmental, bien moins contrôlées que celles du lexique ou de la syntaxe. Quelques schémas rythmiques peu courants,dans la versification prétendument «quantitative» de S. Quasimodo,ainsi, peuvent être rapportés à une empreinte de la métrique arabo-andalouse ancienne, dont peut-être Cielo d’Alcamo a pu constituer – dans son singulier Contrasto – un chaînon de transmission orale que le pétrarquisme généralisé aurait occulté ensuite. Des coïncidences diatopiques (à la limite de nuances dialectales) et thématiques (qui resteraient à mieux analyser) semblent confirmer chez Quasimodo – personnalité relativement à part dans le riche panorama italien du XXème siècle –, ce type de diffusion souterraine, pour l’essentiel orale, de formes oubliées par la suite dans laculture dominante.Il s’agit d’une enquête préliminaire,ne portant que sur les structures les plus simples de vers doubles de la tradition arabo-andalouse, dont on souhaite instamment la discussion et la mise à l’épreuve par des spécialistes de la poésie arabe en Espagne et en Sicile, ou peut-être plus largement de la comparaison littéraire et stylistique tout court.