23 novembre 2015
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Audrey Leblanc, « L'image de Mai 68 : du journalisme à l'histoire », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.j7157e
Ces recherches déplient les pans de la médiatisation des événements de mai juin 1968 en France par la presse magazine et les entreprises du photojournalisme entre 1968 et 2015. En faisant le choix de l’analyse à l’échelle de l’événement, l’étude de cas du dit Mai 68 donne la mesure de la construction de l’histoire par le (photo)journalisme. Une chaine éditoriale élabore des récits médiatiques : celle-ci n’a pas vocation à être vue, les médias revendiquant leur objectivité, leur transparence. Restituer la place des images dans ces élaborations et les appréhender sous l’angle de l’occurrence éditoriale met en évidence cette chaine et le rôle des images dans la mise en forme des événements et leur qualification. Elle amène à prendre la mesure du rôle de l’éditeur dans ces élaborations médiatiques.L’autorité culturelle de représentations dominantes (icônes) repose sur des éléments de légitimations professionnelles qui font abstraction des réalités quotidiennes de ces métiers. L’histoire corporatiste qui les valorise s’en trouve alors discutée par la démarche historienne et culturaliste, qui redonne sa place à l’agence de photographie, entreprise qui exploite, c’est-à-dire commercialise, les images. La description de sa structure – indexation/photothèque ; editing/édition, notamment – documente la production des corpus visuels et met en évidence l’impact de ces structures entrepreneuriales sur la mise en récit des événements par l’usage de ces contenus visuels. La multiplication des opportunités éditoriales s’affiche comme un besoin structurel de cette industrie culturelle. Les effets de répétitions des corpus visuels – anniversaires ou « commémorations » – ne se justifient plus par une archive photographique finie mais s’expliquent par les stratégies de reventes de certains fonds d’images. Cette circulation des représentations, qui conduit à la circularité et à la fixation de récits médiatiques des événements historiques, rejoint les mécanismes caractéristiques des constructions culturelles (L. W. Lewine).