Réinvestissements du romantisme allemand dans les mises en scène contemporaines du grotesque

Résumé Fr

L'objectif de cette communication est d'étudier les réactualisations du romantisme allemand dans la création contemporaine à partir des mises en scène et adaptations scéniques de textes couramment associés à la notion de grotesque. Si les scènes allemandes montrent que la réception des textes grotesques fait émerger des écritures et des esthétiques scéniques particulières, que nous pourrions qualifier de grotesque trash, qui se situe au croisement du gore et de l’obscène, et d’un grotesque burlesque renouant entre autres avec les pratiques du clown et du music-hall, il semble se distinguer une troisième incarnation scénique du grotesque, que les critiques de théâtre assimilent à l’onirisme et qui réinvestit, sur scène, plusieurs topoï du romantisme allemand. Dans un corpus réunissant des mises en scène de Claus Peymann, Robert Wilson, Kevin Barz, Dor Aloni, Clara Weyde, Victor Bodo, Florian Fiedler, Andreas Gruhn et Jan-Christoph Gockel, il s’agira de proposer une typologie des procédés scéniques de ce troisième visage du grotesque, qui s’inscrit dans l’héritage du grotesque tel qu’il a été redéfini, voire réhabilité, par les romantismes européens, et en particulier par le romantisme allemand tardif dont l’acception kayserienne est tributaire. Nous étudierons la manière dont plusieurs motifs du romantisme allemand, tels la nuit et la marionnette, sont réinvestis par les metteuses et metteurs en scène pour en étudier le sens, à la fois du point de vue de la fabrique du grotesque, mais également à l’échelle de l'histoire de la mise en scène, en se demandant si la résurgence d’esthétiques romantiques dans la création scénique contemporaine allemande correspond aussi à un retour, au théâtre, du récit et des histoires, après la fragmentation du théâtre post-dramatique.