Les alliances éducatives au service de l'accrochage scolaire des enfants bénéficiant d'une mesure de placement en famille d'accueil

Résumé Fr

En France, les recherches portant sur la scolarité des enfants accompagnés par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) tendent à montrer un risque accru de décrochage scolaire chez cette population (Anton Philippon, 2017; Denecheau, 2013). Ces enfants sont particulièrement vulnérables, car ils cumulent de nombreuses difficultés d’origines personnelles, familiales, scolaires ou liées au contexte de l’accompagnement qui constituent autant de facteurs de risque de décrochage scolaire. Nombreux sont ceux qui sont orientés vers des classes spécialisées, des filières courtes et/ou qui quittent le système scolaire sans aucun diplôme (Frechon et Marquet, 2016). Pour autant, la recherche que nous avons menée dans le cadre de notre thèse de doctorat sur l’accrochage scolaire des jeunes confiés à une famille d’accueil montre l’importance d’intégrer la question scolaire comme une préoccupation principale de l’accompagnement éducatif. En effet, quand le parcours scolaire de l’enfant et son devenir a de l’importance pour les personnes qui l’entourent, notamment pour les personnes significatives aux yeux de l’enfant, celui-ci a davantage de chance de s’accrocher à l’école. Or, les quelques recherches réalisées montrent que la question scolaire est encore trop souvent laissée à la seule sensibilité du travailleur social référent de l’enfant pour qui les attentes ne sont majoritairement pas très élevées (Blaya et Denecheau, 2014). La collaboration avec les parents, les familles d’accueil, les enseignants et l’enfant lui-même dépend bien souvent de la façon dont le travailleur social perçoit personnellement l’école au lieu de relever d’une orientation générale du service auquel l’enfant est confié ou d’une politique plus globale visant à définir la scolarité comme un axe majeur de l’accompagnement éducatif. En résulte des situations où les parents des enfants confiés sont rarement impliqués dans le suivi scolaire de leurs enfants, où les assistants familiaux peuvent être écartés des relations avec les enseignants et des décisions concernant l’orientation des enfants, où les enseignants et les travailleurs sociaux référents ne se rencontrent qu’en cas de difficultés majeures. Ainsi, pour que la scolarité puisse devenir un enjeu majeur de l’accompagnement des enfants placés, et que les éventuelles difficultés inhérentes soient prévenues en amont de leur apparition, elle doit être prise en compte par toutes les personnes qui accompagnent l’enfant bénéficiant d’une mesure de protection; ses parents, les travailleurs sociaux, les enseignants. Pour que cela puisse se mettre en œuvre concrètement, il est indispensable de sensibiliser ces différents acteurs en proposant des espaces de collaboration institutionnalisés où la scolarité de l’enfant est traitée comme un enjeu et un objectif de l’accompagnement éducatif à part entière.