2017
Cairn
Jean-Paul Matot, « L’espace de l’écrit », Revue Belge de Psychanalyse, ID : 10670/1.jl7kmn
L’environnement numérique transforme l’écrit et fait émerger des dimensions numériques de l’identité individuelle. Les catégories auteur/ lecteur tendent à s’estomper, au profit d’une recomposition par agrégation, notamment en fonction des gradients d’activité et de passivité liés aux habiletés techniques. Ainsi le dessaisissement de l’auteur, thème développé par M. Blanchot bien avant l’émergence du numérique et d’Internet, s’en trouve-t-il réactualisé, mettant en évidence l’hétérogénéité des temporalités et des lieux psychiques, particulièrement évidente chez l’artiste créateur. La création de l’œuvre prend sa source dans la destructivité traumatique sans en délivrer l’artiste, ce qui maintient la dimension compulsive du processus créateur visant à conjurer la perte du rapport au monde et à soi-même. L’œuvre en effet prend place, laissant son créateur dans un non-lieu qui est aussi un hors temps. L’environnement numérique ouvrirait-il un espace intermédiaire, entre la parole et l’écrit, entre écriture et lecture, recelant un potentiel transitionnel anti-traumatique répondant au décontenancement révélé par notre modernité technologique ?