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Pascale Peyraga, « Les contes merveilleux dans la prose de Marta Sanz : un ADN poétiquement modifié », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.jn35zf
Cet article analyse, dans une perspective sociocritique, la place et la fonction que Marta Sanz accorde à la réécriture de contes de fées, qui culmine dans la transfiguration de Blancanieves publiée en 2014. S'immisçant déjà dans El frio (1995), Susana y los viejos (2006) ou dans ses romans policiers-Black, black, black (2010) et Un buen detective no se casa jamás (2012)-, les contes sous-tendent son écriture et se constituent en véritable substrat de son imaginaire tout en véhiculant une portée idéologique indéniable. Loin de se restreindre à la dimension ludique et éducative propre à une littérature de jeunesse, ces contes, renouant avec la veine des contes populaires, visibilisent les mécanismes de pouvoir et d'oppression régissant nos sociétés contemporaines (El frío, Susana y los viejos, Blancanieves). Ils développent ainsi une fonction compensatrice en réinjectant de la violence et de la perversité dans des représentations du réel trop souvent aseptisées (Black, Black, Black, Un detective no se casa jamás), de façon à proposer une alternative littéraire aux modèles culturels dominants. Toutefois, construire un discours dissident n'équivaut pas tant à modifier le contenu même des contes pour transformer les imaginaires collectifs qu'à dévoiler les mécanismes par lesquels la forme hypercodifiée du conte se fait l'expression d'une idéologie dominante et d'un ordre patriarcal fossilisé. Le réencodage des contes, les changements de perspective et les inversions de rôles révèlent leur dimension mystificatrice, dévoilent leur pouvoir de manipulation et conduisent avant tout le lecteur sur la voie de l'émancipation critique. Mots-clés : Marta Sanz, genres littéraires, idéologie invisible, contes, réécriture, perversion