Le Livre de l‘Eschiele Mahomet : un exemple d’un double transfert ? Adaptation ou réécriture ?

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24 avril 2019

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Abderrazak Halloumi, « Le Livre de l‘Eschiele Mahomet : un exemple d’un double transfert ? Adaptation ou réécriture ? », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.k1btkl


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Le récit de l’ascension au ciel du prophète de l’islam Mahomet est un exemple très pertinent de la circulation et de la vivace transmission d’un patrimoine narratif largement répandu au-delà des frontières géographiques et linguistiques. Outre les différentes régions du monde musulman, l’histoire était aussi bien connue en Europe, où elle circulait sous le titre de Livre de l’échelle de Mahomet, traduite au XIIIe siècle en Espagne, à la cour d’Alphonse X le sage, de l’arabe en castillan (en 1263). Un an après, en 1264, Bonaventure de Sienne retraduit en latin et en français la version castillane de la légende arabo-musulmane qui raconte l’ascension de Mahomet au ciel et sa visite de l’autre monde sous la conduite de l’archange Gabriel. Il ne s’agit pas là de la traduction d’un texte unique mais plutôt d’un texte composite qui a agrégé différentes versions comme si les chrétiens d’Espagne avaient éprouvé le besoin de regrouper les légendes musulmanes concernant l’au-delà afin de comprendre, d’apprécier puis réfuter les fondements de la foi et les représentations majeures qui organisent la vision musulmane du royaume de Dieu, du paradis, du purgatoire et de l’enfer. Même si la dimension apologétique reste la ligne directrice de cette œuvre, le but ultime est de dénoncer les mensonges de Mahomet et par là de confirmer la vérité ultime du message du Christ comme le rappelle le prologue : « Et sicom ce livre estoit par le devantdit Habraym translatéz [de] arabic en espaignol, tot ausinc, par chasqune chose, je, Bonaventure de Sene, notaire et escriven mon seignour le roy devant noméz, par son comandement le tornei de espaignol en françois a tant poi com jeo en sai. Et lo torner de ce livre fis jeo mout volentierspar deus resons : li une en est por faire le comandement mon seignour, et l’autre si est por qe les gentz sachent la vie Mahomet et sa escience; et qe, quant il orront et conustrunt les abusions et les choses non creables qu’il conte en ce livre, la droite loi des Cristiens et la verité que est en lui si en serront plus seanz et plus delictables ad tenir et ad garder ad touz celx qui bons Cristiens sunt. » Notre traducteur se laisse emporter par sa « source » et donne naissance à un récit du mi’raj bien loin de l’objectif initial et que même les musulmans n’auraient pas réfuté. C’est ainsi que l’on pourrait dire que le Livre de L’Eschiele Mahomet devient une sorte d’iconographie du texte coranique, le texte sacré des musulmans. Un récit arabo-musulman traduit en trois langues européennes au XIIIe siècle parmi lesquelles l’ancien français fait que le texte va se diffuser largement et va contribuer, à mon avis, à la construction d’une image plus spirituelle du prophète Mohammed et par la même occasion de faire découvrir à un public naturellement « hostile » des aspects angélologiques, cosmologiques, eschatologiques et apocalyptiques de la religion « nouvelle ».

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