5 juillet 2019
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Jeanne Proust, « La volonté et ses pathologies : psychologie expérimentale et théorie de l'âme chez Théodule Ribot », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.k5a58x
Considéré comme le père de la psychologie expérimentale en France, fondateur de la Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, Théodule Ribot a joui de son vivant d'une autorité largement reconnue, difficile à mesurer aujourd'hui. On lui reconnaît l’ambition d’avoir voulu émanciper la psychologie de la philosophie pour tenter d’en faire une science indépendante, mais sa pensée s’en trouve souvent réduite à une sorte de positivisme physiologique, qui ne rend ni raison de l’empreinte qu’a laissée la philosophie sur son œuvre de psychologue, ni plus généralement de la complexité et de l’originalité de sa psychologie « nouvelle ». L’objectif de cette thèse est d’apporter une réflexion comparative et critique sur le problème de la définition de la volonté et de ses troubles à la lumière des travaux de Ribot, qui envisagent cette volonté principalement sous l’angle pathologique de sa « dissolution ». Nous soulignons les ambitions novatrices de cette méthode pathologique, qui propose d’éclairer l’évolution normale des phénomènes psychologiques par leur régression. En observant les manifestations d’une volonté anormale, sous l’angle de la « dissolution », le psychologue est en mesure d’induire une description du processus physiologique à l’œuvre dans le vouloir à l’état normal. En cherchant à s’éloigner à la fois de la métaphysique et de l’introspection naïve, Ribot entend proposer une autre approche des faits mentaux qui, peu soucieuse de condamner la volonté malade, cherche avant tout à la passer au crible de l’analyse scientifique. Cette thèse propose cependant de nuancer l’idée d’une séparation radicale entre l’analyse de la volonté comme fonction et/ou faculté de l’âme dans la tradition philosophique classique, et celle que propose la psychologie expérimentale de Ribot. Il s’agit de montrer dans quelle mesure « la thèse physiologique » achoppe sur plusieurs aspects de la caractérisation du pouvoir volontaire, et de quelles manières Ribot propose de réévaluer la nature polymorphe du pouvoir volontaire.