De la domestication aux biotechnologies : quand les éleveuses et éleveurs de semences paysannes questionnent les innovations

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6 décembre 2023

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info:eu-repo/semantics/openAccess , CC BY-NC-SA 4.0




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Nicole PIGNIER, « De la domestication aux biotechnologies : quand les éleveuses et éleveurs de semences paysannes questionnent les innovations », Interfaces numériques, ID : 10.25965/interfaces-numeriques.5034


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Les innovations ne sont pas toujours là où l’on croit. C’est ce que nous apprennent les éleveuses et éleveurs de semences paysannes entre Béarn et Limousin. Ils distinguent la domestication fondée sur la domination des plantes, animaux de celle fondée sur la coopération. En effet, ils appréhendent les végétaux en tant qu’êtres vivants à part entière : ils mettent en place des pratiques culturales aptes à laisser s’exprimer la vitalité, de la graine au paysage, en accord avec la vitalité du lieu. Leur manière de domestiquer, fondée sur un ajustement sensible, scientifique et technique continu avec les êtres vivants invalide la thèse consistant à considérer la domestication comme une innovation radicale qui, quelles que soient ses formes, aurait coupé les humain.e.s des savoirs liés aux vivants et à la nature. Si c’est le cas pour la domestication-domination, ce n’est pas du tout le cas pour la domestication-coopération qui prend soin des synergies entre vivants domestiqués et vivants spontanés. De la même manière, les paysan.ne.s concerné.e.s par l’étude ne considèrent pas les biotechnologies, l’agriculture numérique comme des innovations dans la mesure où elles perpétuent des relations aux êtres vivants privées de sensibilité, anesthésiées. Héritage sans cesse renouvelé, les semences paysannes offrent d’autres manières de nourrir les gens, de connaître, de se cultiver. Elles invitent à un post-design où la conception se met à l’épreuve des lieux et des êtres vivants au lieu de s’imposer à eux jusqu’à les détruire. En cela, leurs cultures constituent de véritables innovations pour la société.

Innovations are not always where we believe. This is what we learn from peasants who cultivate traditional seeds between Bearn and Limousin. They distinguish domestication based on the domination of plants, animals and domestication based on cooperation. Indeed, they apprehend plants as living beings in their own right: they set up cultural practices able to let vitality express itself, from seed to landscape, in accordance with the vitality of the place. Their way of domesticating, based on a continuous sensitive, scientific and technical adjustment with living beings invalidates the thesis of considering domestication as a radical innovation that, whatever its forms, would have cut off human knowledge related to the living and nature. If this is the case for domestication-domination, it is not at all the case for domestication-cooperation that takes care of synergies between domesticated and spontaneous living. In the same way, peasants concerned by the study do not consider digital agriculture as an innovation insofar as it perpetuates relationships to living beings deprived of sensitivity, anesthetized. A constantly renewed heritage, traditional seeds offer other ways to feed people, to know, to cultivate, to do. They invite to a post-design where conception puts itself to the test of places and living beings instead of imposing itself on them until destroying them. In this, their crops et cultures are real innovations for society.

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