2021
Clémence Léobal, « Démolitions: mise en oeuvre et contestation à Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane française », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.k8l4iu
Bien que située en Amérique du Sud, la Guyane est une collectivité de la nation française où sont appliquées les lois de France. De nombreux conflits urbains et des démolitions des maisons en bois, dites « habitat spontané » y ont lieu, occasion d’une opposition entre l’urbanisation accélérée d’une ville amazonienne et des normes européennes sur l’urbanité.Dans certaines villes guyanaises, le taux de maisons jugées illicites est estimé à 2/3 de la ville. C’est le cas de Saint-Laurent-du-Maroni, la seconde ville du pays (qui ne compte que 45000 habitants, mais connait des taux de croissance allant jusqu’à 3,5% par an, du fait de la forte natalité). Des opérations de démolitions y sont menées par les autorités depuis environ quarante ans. Les premières d’entre elles appelées « résorptions de bidonvilles », et étaient effectuées dans le cadre de lois françaises forgées pour démolir les bidonvilles nord-africains et portugais en France hexagonale. Plus récemment, des démolitions ont été effectuées dans le cadre de dérogations au droit de l’urbanisme, voire dans l’illégalité : le droit du logement et des expropriations n’était pas toujours appliqué par des autorités peu respectueuses des habitants souvent peu francophones, et peu familiers du droit, dans cette postcolonie aux hiérarchies marquées.J’analyse les mobilisations du droit de l’urbanisme dans ce contexte sud-américain, régi par la France, à la fois par les pouvoirs publics et par les personnes expulsées souhaitant se défendre. Comment le droit français est-il mobilisé par les habitants qui revendiquent un relogement ou une indemnisation ? Comment les politiques nationales sont-elles appliquées de manière différentielle voire dérogatoire en Guyane par les pouvoirs publics ?