Destouches antiphilosophe

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Les années 1730 sonnent pour Destouches l’heure de la retraite. Sa production théâtrale se fait plus rare. Dans le même temps une autre forme d’écriture se fait jour, dans les genres de l’épigramme et de la lettre. Le Mercure de France accueille dans les années 1740 certaines d’entre elles, notamment une Épitaphe de Bayle, qui fit réagir, et qui entraîna de la part de son auteur toute une série de justifications. L’ambition d’un Destouches antiphilosophe naît-elle alors ? C’est ce que le projet de la Préface pour l’édition des Œuvres de 1745, dans laquelle l’auteur avait d’abord prévu de faire figurer des miscellanées, laisse deviner. Attaqué par les esprits-forts, Destouches s’est cru en droit de répliquer, et de former, à partir de là, le projet d’une apologie de la religion chrétienne, dont certaines des lettres dessinent l’orientation. La question centrale reste cependant littéraire : c’est d’une querelle sur « l’esprit » que naît la mise en cause de l’impiété. Car on n’est « esprit-fort » que parce qu’on est bel-esprit. La perte du sentiment religieux va de pair avec la dégradation du goût. À cela s’ajoute un autre débat, celui qui porte sur la frontière du sacré et du profane en littérature. Le poète est-il habilité à s’exprimer sur les matières religieuses ? Ce débat qui court durant tout le siècle trouve la conclusion qu’on sait dans le Génie du christianisme. Avant 1745, et dans le contexte de la réaction au baylisme, Destouches se pose donc en antiphilosophe. On peut même dire qu’il installe, dans les pages profanes du Mercure, le type de l’antiphilosophe, avec ses thèmes, sa rhétorique, ses ambiguïtés enfin. Car l’ambiguïté est bien présente chez celui qui a peint dans Le Philosophe marié la figure du philosophe de façon si nuancée et si avant-gardiste.

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