La littérature enfantine italienne et la critique du XXe siècle : du rejet au canon

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La réflexion critique sur la littérature de jeunesse en Italie commence au début du XXe siècle, lorsque la visibilité de cette production ouvre un débat de type esthétique et philosophique parmi les néo-idéalistes, entre ceux qui considèrent qu’il y a une incompatibilité absolue entre la Littérature et l’enfant – Benedetto Croce – et ceux qui soutiennent qu’un authentique « art pour l’enfance » existe bel et bien, de même qu’il existe un « art primitif » – Giovanni Gentile. Par la suite, le fascisme en reconnaîtra la légitimité en l’insérant parmi les matières obligatoires pour la formation des maîtres, alors même qu’il l’avilira en le subordonnant à ses finalités idéologiques et de propagande. Après la chute du régime, la littérature de jeunesse, considérée comme une forme « inférieure », confinée dans un ghetto pédagogique et placée tout en bas de la pyramide des genres, sera délaissée par la critique jusqu’au début des années 1970. C’est alors que s’opérera un véritable tournant, et qu’on assistera au retour spectaculaire des auteurs et des textes, lorsque les œuvres seront « revisitées » par la nouvelle critique à l’aide de nouvelles stratégies interprétatives. À partir du potentiel heuristique que la littérature enfantine offre à l’histoire de l’imaginaire collectif et à l’histoire de la culture, les approches inspirées par les sciences humaines rechercheront les liens complexes entre le littéraire et le symbolique, l’idéologique et le figuratif, tandis que les méthodes issues du structuralisme (linguistique, narratologie, sémiotique…) exploreront de multiples façons le réseau textuel. Devenues ainsi l’objet de la critique universitaire la plus qualifiée, plusieurs œuvres pour l’enfance seront intégrées au canon littéraire, prenant place dans les histoires de la littérature et dans les collections éditoriales les plus prestigieuses.