Du moule à la norme : vers une standardisation de la ville à Khartoum (Soudan) ?

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2 décembre 2021

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brique cuite

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Corten Pérez Houis, « Du moule à la norme : vers une standardisation de la ville à Khartoum (Soudan) ? », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.kwkdhs


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Résumé Fr

Alors que le nombre de briqueteries artisanales a rapidement augmenté dans l’agglomération de Khartoum (Alam, 2006), dans un contexte de croissance démographique et d’explosion du secteur de la construction dans les années 2000-2010, divers acteurs se sont retrouvés sur une remise en cause de cette activité économique. Un des principaux arguments mentionnés contre la brique rouge est celui du manque de respect des normes de dimensions par les producteurs. Cette injonction à l’unification de la brique, et plus particulièrement de son moule, est toutefois à replacer dans une politique plus large de standardisation de la construction de la capitale soudanaise.Le moule et la brique en tant qu’objets de recherche ont été au cœur d’approches diverses, notamment par l’archéologie (De Chazelles, 2008 ; Correas Amador, 2011 ; Choimet, 2020) et par la philosophie de la technique (Akrich, 1987 ; Simondon, 1989 ; Moutaux, 2000). Dans la continuité de ces travaux et du « tournant matériel » en sciences sociales (Law, Mol, 1995 ; Whatmore, 2006 ; Ingold, 2012), il s’agirait dans cette présentation de montrer l’articulation entre le moule comme objet utilitaire, permettant de produire une brique, avec des dimensions propres, et le moule immatériel, celui des normes architecturales et des standards définis par l’État soudanais.Cette proposition s’appuie sur deux enquêtes de terrain (février-mars 2020 en Master 2, avril 2021 en première année de thèse), au cours desquelles j’ai effectué environ 80 entretiens informels et semi-directifs avec des acteur.ice.s à toutes les étapes de la filière (producteurs, ouvriers, chefs de chantier, architectes, ingénieur.e.s-checheur.se.s…). Les enjeux liés aux dimensions des matériaux de construction et à la nécessaire standardisation de la brique rouge ont traversé plusieurs de ces entretiens.La brique rouge artisanale est ainsi mise en compétition, dans les discours et dans le secteur de la construction, avec une brique produite industriellement (brique harari) et avec le parpaing de ciment, deux matériaux dont les dimensions – le moule donc –, la composition et la qualité sont censées être davantage contrôlées. La marginalisation de ce matériau perçu comme traditionnel ou archaïque s’opère donc en partie par la dénonciation de l’informalité de sa production. La brique rouge aux dimensions irrégulières, au moule variable selon les ateliers, ne correspond pas à l’image de ville moderne et développée que les acteurs publics voulaient donner à Khartoum.La communication, en s’inscrivant dans l’axe « Se couler dans le moule », interrogerait ainsi les interactions entre la promotion de ces matériaux standardisés (brique harari et parpaing de ciment), la critique d’une brique rouge considérée comme artisanale ou produite de façon informelle et les politiques d’aménagement et de modernisation de la capitale soudanaise. Le moule apparaît dans cette étude de cas comme un dispositif de standardisation de la production d’un matériau, mais aussi, par extension, de la construction de la ville.

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