2017
Cairn
Thomas Brunner et al., « Autour d’une correspondance privée inédite entre deux frères en 1298 : les lettres de Gérard et de Jacques Mulet, chanoines douaisiens et clercs du comte de Flandre », Revue du Nord, ID : 10670/1.kzs8ui
Datées respectivement du 21 mai et du 8 août 1298, les lettres de Gérard Mulet, prévôt de Saint-Pierre de Douai, et de son frère Jacques Mulet, prévôt de Saint-Barthélemy de Béthune, sont les seuls vestiges d’une correspondance privée entre ces deux hommes issus d’une famille de la bourgeoisie de Douai. Les Mulet, dont une partie du chartrier familial des xiiie- xive siècles nous est parvenue, sont assez bien documentés, ce qui autorise la reconstitution partielle du parcours de ces deux frères, passés par l’Université avant d’entrer au service du comte de Flandre, qui les récompensa notamment par des prévôtés. La relation épistolaire de 1298 se place dans le contexte tendu de l’ambassade menée par Robert de Béthune à Rome pour obtenir l’arbitrage de Boniface VIII dans les différends opposant Philippe le Bel à Guy de Dampierre. Cette entreprise diplomatique suscita d’intenses échanges entre la Flandre et la Curie romaine. L’analyse du dossier montre que Jacques Mulet, membre de cette ambassade, fut le principal artisan de cette correspondance officielle. Il put profiter des nombreux courriers comtaux pour envoyer des nouvelles à son frère Gérard, resté à Douai. Les deux lettres conservées montrent l’existence d’autres missives aujourd’hui perdues. Elles traitent d’affaires familiales ou liées à la gestion des chapitres flamands dont les frères avaient la charge, comme la question de l’attribution de prébendes vacantes. La forme de leur rédaction et la qualité du latin utilisé relèvent d’une scripturalité de l’intime, en marge des usages plus officiels de l’écrit.