2014
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Florence Marie, « Pilgrimage de Dorothy Richardson ou l'art du dé-place-ment et de la dérive comme réponse à l'appelation », HAL-SHS : littérature, ID : 10.4000/ebc.1154
Pilgrimage de Dorothy Richardson (l’article s’intéresse plus particulièrement aux six premiers volumes du cycle qui en compte 13) peut être lu comme le récit des divers positionnements — sans qu’ils soient nécessairement purement chronologiques — de la protagoniste, Miriam Henderson, qui choisit de se dérober à « l’assignation à résidence » (Derrida) à laquelle la somme l’appellation « femme de la classe moyenne » à la charnière du dix-neuvième et du vingtième siècle. Cette appellation étant d’autant plus à redouter qu’elle s’accompagne d’opérations de hiérarchisation et d’opposition. Il s’agit d’évoquer certaines des modalités de la contre-appellation : invective féministe ; misogynie ; choix du ‘ou bien/ou bien’ qui amène à penser, selon Jean Radford, que « gender identity is represented not as simple or fixed, a matter of biology or social conditioning, but as a complex series of provisional positions ». Et cette dernière modalité trouve un écho dans le choix que fait Miriam d’élire domicile à Londres, une ville qui incite à la dérive, tout comme l’y invite le travail d’écriture qui l’appelle. En effet, cette position non figée du « ou bien, ou bien » permettant à Miriam de se dérober à l’entreprise d’appellation, se conjugue avec l’élaboration d’une écriture qui se veut « une expérience du déplacement » (Regard) permanent par le mélange des genres, l’instabilité du sujet, le rôle dévolu au lecteur, appelé à participer activement, l’absence d’une quelconque synthèse. Ce qui permet de s’interroger sur l’étiquette « écriture féminine » souvent accolée à l’écriture de Dorothy Richardson, et de suggérer qu’il s’agit plutôt d’une « écriture du féminin ».