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Anne-Cécile Le Ribeuz-Koenig, « Figuration et défiguration d'Orphée à la fin du Moyen Age. Le Roman d'Ysaÿe le Triste », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.l5zvys
Orphée magicien, Orphée poète et musicien, Orphée amant. Les artistes du Moyen Age sont particulièrement sensibles à chacun des aspects du mytheantique. La figure d’Orphée les interpelle en ce qu’elle incarne ce qui caractérisele lyrisme médiéval, c’est-à-dire la quête de l’harmonie par l’art mêlé de la voix et de l’instrument à corde, la puissance de la poésie qui se réfléchit comme un passage, miroir entre le profane et le sacré, la vibration du coeur sous les effetsde l’amour à l’unisson de la nature. La puissance du chant orphique charme arbres et animaux jusqu’à ouvrir au poète les portes des enfers pour ramener son épouse décédée. Le mythe est donc propice à une réflexion sur l’origine et lespouvoirs de la poésie et de la littérature. Orphée, pour s’être détourné du genre féminin, après avoir perdu une deuxième fois sa femme, finit lapidé par les femmes de Thrace ou de Siconie, nom sous lequel est connu l’épisode par leslecteurs de l’Ovide moralisé au XIVe siècle. Jusque dans sa mort, les cris des mégères couvrant son chant et empêchant sa puissance magique d’agir, Orphée renvoie à la question essentielle de l’harmonie, toujours à reconstruire, en lienavec le divin.