Service militaire adapté et nostalgie du service militaire obligatoire en Nouvelle-Calédonie

Résumé Fr En

Cette contribution revient sur le contexte qui a présidé à la création par l’État du Service Militaire Adapté dans les départements d’Amérique au début des années 1960 et à son extension progressive aux autres territoires ultramarins, dont la Nouvelle-Calédonie. Après avoir rappelé le caractère particulièrement tardif de la conscription des Kanak, sujets coloniaux devenus citoyens en 1946, mais exclus du service militaire jusqu’en 1962, elle analyse les raisons avancées par le principal parti politique local, l’Union calédonienne – une fois le service militaire rendu obligatoire – pour demander des dérogations. La décision d’implanter un SMA en Nouvelle-Calédonie ne fut prise qu’en 1984, au plus fort de la revendication nationaliste. Après des débuts difficiles, le dispositif fait maintenant consensus dans la classe politique. Elle y voit non seulement un moyen de former à un métier les jeunes sortis tôt de l’école, mais aussi, grâce à la discipline militaire, de recadrer les fortes têtes et envisage même de le généraliser.

This article revisits the context in which SMA was created at the beginning of the 1960’s by the French State in its American departements and how it was progressively enlarged to include other overseas territories, notably New Caledonia. Colonial subjects turned into citizens in 1946, Kanaks remained excluded from military service until 1962. Even after draft became compulsory, the major local political party, the Union Calédonienne, was keen to obtain exemption from this service. Thus the decision to implement an SMA in New Caledonia came only in 1984 at the height of nationalistic claims. After a rocky start, a consensus was reached among the whole political class to see it as an efficient mean to train youngsters who have left school early and also to curb rebels thanks to military discipline.