24 janvier 2008
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Jean-Yves Nevers et al., « Les maires des petites communes face aux enjeux de la diversification du monde rural, une enquête auprès de 436 élus de Midi-Pyrénées », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.ldu2qb
Cette étude présente les résultats d'une enquête réalisée en 1996 à l'aide d'un questionnaire postal adressé à un échantillon représentatif de maires des communes de moins de 2500 habitants de la région Midi-Pyrénées. Le présent document décrit successivement : 1) les équipes municipales, 2) les élections, les compétitions électorales et le renouvellement des élus, 3) les problèmes de la gestion communale, 4) les attitudes et les choix des maires dans le domaine de la coopération intercommunale, 5) l'opinion des maires sur la décentralisation. Les résultats de l'enquête sont comparés à ceux d'une précédente étude réalisée en 1984. L'étude montre que ni les réformes de décentralisation, ni les profonds changements socio-économiques du milieu rural n'ont fondamentalement remis en cause les modalités traditionnelles du fonctionnement de la démocratie communale et du gouvernement municipal. Le jeu des clivages traditionnels et les mécanismes subtils de sélection des « éligibles » et de choix des élus, typiques des élections locales dans les collectivités d'interconnaissance, n'ont pas bloqué l'intégration dans les équipes municipales de nouvelles catégories d'élus, représentatives des intérêts des populations néo-résidentes et des activités qui sont aujourd'hui le support de la « renaissance rurale ». Désormais, le profil sociologique typique du maire rural est celui d'un salarié appartenant aux couches moyennes, en activité ou « jeune retraité », enseignant, cadre moyen ou supérieur de la fonction publique ou du secteur privé. Cette catégorie d'élus, dominante dans les espaces périurbains et touristiques, est porteuse de nouvelles demandes d'équipements et de services publics; elle se réfère à une conception interventionniste de la gestion municipale largement ouverte à un développement local diversifié même si elle est par ailleurs soucieuse du maintien des activités agricoles et de la préservation d'un cadre de vie rural. Les agriculteurs ont définitivement perdu leur position dominante bien qu'ils restent encore largement présents dans les mairies du « rural profond ». Les petites communes restent un foyer vivant de démocratie et un lieu pertinent pour la gestion des services de proximité. Elles répondent, avec une économie de ressources assez remarquable, aux principaux besoins et aux demandes sociales de leur population, tout en gérant des équilibres financiers précaires. Les municipalités ont su s'approprier la nouvelle marge d'autonomie et les opportunités offertes par la décentralisation et la coopération intercommunale. Les communes rurales composent un monde de plus en plus diversifié. Du point de vue de la gestion municipale, les communes en déclin du « rural profond » doivent assumer la charge du passé car il faut entretenir, avec moins de contribuables, des équipements qui ne servent plus guère, les communes péri-urbaines ont à gérer l'avenir pour accueillir, en anticipant des ressources futures, une population qui n'est pas encore là, et les communes touristiques doivent administrer un présent en arbitrant entre les besoins et les demandes hétérogènes d'une population à géométrie variable.